Le Collectif tchadien contre la vie chère (CTVC) se bat depuis quelques années pour le respect des droits des consommateurs. Votre rubrique « A la découverte de… » vous dresse ce dimanche le portrait de son président, Dingamnayal Nely Versinis.

Dingamnayal Nely Versinis est connu aujourd’hui du public tchadien à cause de la lutte qu’il mène contre la vie chère à la tête de son association, le Collectif tchadien contre la vie chère (CTVC). Des marches (contre la pénurie de gaz par exemple), des journées sans téléphones pour protester contre la mauvaise qualité de service et les tarifs très élevés pratiqués par les compagnies de téléphonie mobile, la fermeture des marchés en accord avec les commerçants contre l’augmentation des prix des stands par la mairie, etc. Cet homme svelte a mené plusieurs combats.

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Celui qui défend, à son corps défendant, les droits des consommateurs voit le jour le 24 mars 1974 à Baké dans le département de Kouh Ouest, province du Logone oriental. Le fils de Dingamnayal Ngakoutou Paulin et de Yohodjim Germaine n’entre au CP1 à l’école de son village qu’à 7 ans. Dès le CE1, en 1983, à cause des affrontements entre les FAN (Forces armées du Nord) du président Hissène Habré et les Codos (appellation des groupes d’auto-défense au sud), Versinis raconte que son père a dû fuir avec eux, de brousse en brousse pendant cinq jours pour atteindre Paoua en RCA où vivait une de ses tantes.

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Entre les allers et retours pour se réfugier en République centrafricaine, cet ainé d’une fratrie de 13 enfants vivants, a vu le cours de ses études être fortement perturbé. C’est en 1996 qu’il décroche son baccalauréat, après son BEPC à Moundou en 1990 et le CEPET en 1987 à Beboto.

Mais l’enfant de Baké va trainer avec son bac « en poche » pendant une dizaine d’années, « faute de soutien » pour entrer à l’université. Il s’est donc lancé dans les petites affaires entre le Tchad et le Cameroun pour « se chercher ». C’est finalement dans ce pays voisin que Dingamnayal Nely Versinis passe avec succès en 2008 pour le concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (ENA).

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Versinis finit le premier cycle de l’ENA en 2010 et après quelques stages, rentre au pays en 2011. En dépit de stages au ministère des Finances et au trésor, il n’a pas pu être intégré à la Fonction publique. Il suit en ce moment un cours en ligne en Master à l’Ecole supérieure de gestion et d’expertise comptable du Gabon.

Un activisme à risque

Au sujet de la lutte contre la vie chère dans laquelle il est engagé, Versinis souligne que c’est lors de ses études au Cameroun qu’il a muri l’idée et commencé à écrire les textes de son association. Rentré au pays, il en parle à quelques amis, et porte sur les fonts baptismaux le Collectif tchadien contre la vie chère (CTVC) qui sera reconnu officiellement le 14 janvier 2014.

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Le président du CTVC qui se croit investi d’une mission divine, confie que l’idée à l’origine de la création de cette association est de « lutter contre l’injustice sociale ». Car, estime-t-il, au Tchad, la vie est extrêmement chère et, note-t-il, le printemps arabe et les révolutions au Soudan ou encore au Zimbabwe sont causés par la vie chère.

Versinis raconte qu’il a été arrêté cinq fois à cause de sa lutte. « C’est un sacrifice, c’est un engagement, c’est sous le courage et sous la bénédiction de Dieu », assure-t-il. Mais, déplore-t-il, « la population tchadienne ne comprend pas le bien-fondé de cette lutte que nous menons ». En effet, selon lui, cette population est « amorphe, résignée, c’est la lutte par procuration. Tu te sacrifies pour les défendre même, on ne te comprend pas, c’est ceux-là qui vont t’accuser de tout et de rien. Mais quand on est leader, on est une poubelle, il faut tout accepter », observe-t-il. Il est vrai que Versinis est souvent accusé de recevoir de l’argent du gouvernement ou d’être agent de l’ANS (Agence nationale de sécurité). Ce qui, affirme-t-il, est une stratégie pour tenter de le discréditer.

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Cloué au lit pendant quelque temps par la maladie, Versinis revient au-devant de la scène. Avec d’autres activistes, il entend organiser le 22 janvier prochain une marche pour protester contre la mauvaise qualité du réseau et le coût exorbitant de la communication.  

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