Cette semaine, votre rubrique « A la découverte de… » vous présente Madjiyera Ngar Alkoa, le Coordinateur national de l’Association pour la réinsertion des enfants en détresse et la défense des droits de l’homme (ARED), basée à Koumra dans le Mandoul.

Agé de 45 ans, Madjiyera Ngar Alkoa est un infatigable défenseur des droits humains et des droits des enfants en particulier. Avec quelques amis, il a créé l’ARED (Association pour la récupération et l’encadrement des enfants en détresse) en 2001 puis reconnue comme une ONG nationale en 2005.

Même si le sigle reste l’ARED, l’Association s’est muée en 2016 en Association pour la réinsertion des enfants et la défense des droits de l’homme. Elle compte aujourd’hui plus de 300 membres. « Le Mandoul constitue le bastion, sinon le dépotoir des violations droits de l’homme… Quand on déporte une personne, on kidnappe une personne, on vend une personne au marché comme un simple article, ça remet en cause la dignité humaine. C’est ce qui nous a motivés », justifie-t-il la création de l’ARED.

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Madjiyera Ngar Alkoa et ses amis sont sur tous les fronts : en brousse à la recherche des enfants victimes de traite, à l’hôpital pour de l’assistance médicale, au tribunal pour poursuivre les auteurs de traite, dans les différentes rencontres ici au pays, en Afrique et dans le monde pour des actions de plaidoyer, etc.

L’ARED fonde ses actions sur 4P : prévention, protection, poursuites, partenariat. En guise de bilan, son coordonnateur indique que 15 écoles ont eu des dotations (tableaux, tables-bancs, chaises, fournitures scolaires), plus de 250 enfants (filles et garçons) ont été réinsérés à travers les métiers comme la couture, la menuiserie, la mécanique, la soudure.

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Madjiyera Ngar Alkoa souligne également que l’association a créé une école dite de la deuxième chance à Koumra (cycle complet de CP1 au CM2). Une école dans laquelle, plus de 500 écoliers y étudient gratuitement. Il se félicite aussi que trois (3) de leurs enfants aient été reçus au baccalauréat, dont l’un a décroché sa licence en Histoire à l’Ecole normale supérieure (ENS) d’Abéché, un autre est devenu policier et le troisième a eu son bac en 2021.

En ce qui concerne le volet poursuite, le Coordinateur national de l’ARED fait savoir qu’après avoir poursuivi plus de 40 bourreaux, ils ont obtenu 9 condamnations judiciaires. Il informe que l’ARED contractualise avec les avocats pour aider les victimes dans les poursuites judiciaires.

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Madjiyera Ngar Alkoa relève que son organisation est membre de plusieurs réseaux notamment dans l’espace G5 Sahel, en Afrique et dans le monde. Ce qui lui permet de faire des plaidoyers.

Un combat émaillé de difficultés

Concernant les moyens  de leurs actions, il souligne que c’est le courage, la motivation des militants qui ont assis l’ARED avant que quelques partenaires ne viennent en appui. Aujourd’hui, se réjouit-il, son ONG est présente dans 13 provinces sur 23 avec des points focaux, dont « une coordination de terrain à Abéché qui fait un travail de titan à l’est ».

Madjiyera Ngar Alkoa dit faire face au quotidien à des difficultés de tous ordres mais surtout des menaces, car « les esclavagistes sont beaucoup plus les gens investis des pouvoirs ». Mais se réconforte-t-il, « C’est Dieu qui  nous protège ». Il affirme ainsi avoir été arrêté sept (7) fois.

Le coordinateur national de l’ARED indique qu’après une longue lutte, le Tchad s’est dotée de la Loi No12 du 20 juin 2018 qui a promulgué l’Ordonnance No6 portant lutte contre la traite des personnes en République du Tchad. Mais se désole-t-il, c’est l’application qui pose problème. C’est pourquoi, son association s’est également  assignée la mission de la vulgariser.

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