Mahamat Moctar Ali, un des 3 candidats à la présidence du Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP) écartés lors de la convention du parti en décembre 2021, a fait un point de presse ce 14 février à la Maison des médias du Tchad. Une sortie médiatique qui fait suite à l’ordonnance du 13 février 2024 de la Cour suprême portant suspension des effets de la résolution relative à l’élection du président du RDP du 29 décembre 2021.

Par une ordonnance du 13 février 2024, le président de la Cour suprême a suspendu les effets de la résolution relative à l’élection du président du Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP) du 29 décembre 2021. En clair, deux ans et demi après la convention du parti de feu Lol Mahamat Choua qui a reconduit Mahamat Allahou Taher à sa tête, la plus haute juridiction du Tchad ne reconnait pas sa réélection. Pour les trois candidats écartés à l’époque et qui ont saisi la Cour suprême, c’est une victoire. Car, « depuis deux ans, nous n’avons pas cessé de nous battre, les camarades Abdramane Adoum, Mahamat Hassan et moi, pour que la vérité prenne le dessus sur le mensonge, la manipulation, le faux et diverses autres manœuvres que nous avons connus lors de cette convention de décembre 2021, et qui ont vidé notre parti de toutes substances démocratique, légale, consensuelle et fraternelle. Ce fut à nouveau un passage en force après celui de 2017, ce fut un hold-up de la direction du parti », estime Mahamat Moctar Ali.

Mahamat Moctar Ali demande aux militants de garder leur calme et leur sérénité, le temps qu’une structure en charge de l’organisation d’une convention extraordinaire soit mise en place dans « le plus bref délai, sous la supervision de l’Administration en charge des partis politiques ».

Alors que certains observateurs voient la main du pouvoir derrière cette crise au RDP, Mahamat Moctar Ali n’a pas souhaité répondre à notre question à ce sujet.

Mais pour le président contesté, Mahamat Allahou Taher, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Dans la journée d’hier, ayant eu vent de l’affaire, il a parlé d’une « cabale judiciaire » et d’un acte « inqualifiable impliquant des milieux obscurs du pouvoir ».

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Après la sortie médiatique ce 14 février de ceux qui contestent son pouvoir, l’entourage d’Allahou Taher nous a fait savoir que le bureau exécutif est en concertation pour l’attitude à adopter.

En rappel, le RDP est fondé en 1992 par Lol Mahamat Choua. Le fondateur du parti a porté son étendard à l’élection présidentielle de 1996 avant de s’engager dans une alliance durable avec le Mouvement patriotique du salut (MPS). Avant de s’éteindre en septembre 2019, Lol s’est retiré et Mahamat Allahou Taher a pris la tête du parti en 2017. Après la mort du président Idriss Déby Itno en avril 2021, le leader du RDP annonce six mois plus tard que son parti n’est plus lié par l’accord avec le MPS.

Après, entre autres, l’URD d’Abdelkader Kamougué, l’ARD de Naïmbaye Lossimian, le PDI de Beassemda Julien, le PLD d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, c’est le RDP de Lol Mahamat Choua qui se déchire dans ce que l’on peut qualifier de « crise de succession à la tête des partis politiques » après le départ du fondateur ou du premier dirigeant.