La situation s’envenime entre le Niger et la France suite aux accusations du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) reprochant à la France une violation de l’interdiction de survol de son territoire. Selon le CNSP, un avion français aurait décollé sans autorisation de N’Djamena en direction du territoire nigérien. Cependant, nos informations indiquent que cela n’est pas véridique.

Face à ces allégations, nous avons sollicité une clarification auprès du commandement des forces françaises au Sahel et des forces tchadiennes. Ces derniers nous ont affirmé que l’avion a respecté les protocoles, ayant obtenu l’autorisation de désengagement via un courrier daté du 8 août 2023 que nous avons pu consulter. Cette lettre, adressée au Général de Division Eric Ozanne, Commandant des Forces Françaises au Sahel, mentionne explicitement un désengagement du site d’Aguelal en accord avec les autorités compétentes.

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Le document, signé par le Général de Brigade Moussa Salaou Barmou, confirme l’autorisation donnée aux militaires des Forces Françaises au Sahel de quitter le site d’Aguelal pour N’Djamena (Tchad) à compter de la date du courrier. Toutefois, le général nigérien a également précisé que les Forces Armées Nigériennes ne pourraient pas garantir la sécurité du matériel laissé sur le site.

Le courrier semble ainsi contredire les déclarations de la junte, révélant des tensions et des malentendus. Certes, un avion est bien parti de N’Djamena vers Aguelal, mais uniquement dans le but d’initier le désengagement. Un tel mouvement du Niger vers le Tchad ne pourrait être effectué sans les équipements nécessaires pour assurer ce désengagement.

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Malgré la neutralité du Tchad face à cette crise qui touche son voisin, il paraît que certains membres de la junte souhaitent impliquer le Tchad dans un conflit qui ne le concerne pas. Dès les premiers instants, le Président de Transition, le Général Mahamat Idriss Deby Itno, a exprimé son souhait d’une résolution pacifique de la crise. Il a même été le premier chef d’État à se rendre sur place en tant qu’émissaire de la CEDEAO et de pont entre les parties concernées.

À N’Djamena, l’incompréhension règne au sein du pouvoir. « Deux fois, ils nous ont accusés. Avant-hier, il y avait une allusion à deux pays de l’Afrique centrale soutenant la France, et aujourd’hui, ils affirment qu’un avion est parti de N’Djamena, comme si nous conspirions contre eux », confie une haute personnalité jointe par téléphone.

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Le Tchad semble être victime de sa “proximité” avec la France, en raison de leurs bonnes relations. Toutefois, des sources fiables assurent que le Tchad n’a aucun intérêt à voir le Niger en chaos. Comme le dit un proverbe local : « Quand la maison de ton voisin brûle, il faut l’aider, sinon le feu pourrait s’étendre à ta propre maison ».