Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger a décidé  samedi, “en toute responsabilité, de dénoncer avec effet immédiat”, l’accord relatif au statut du personnel militaire des Etats-Unis et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire nigérien, a annoncé dans un communiqué le porte-parole du CNSP, le colonel major Abdourahamane Amadou, à la télévision publique nigérienne.

Une délégation américaine composée de la secrétaire d’Etat américaine adjointe aux Affaires africaines, cheffe de mission, Molly Phee, du Dr Celeste Wallander, sous-secrétaire à la Défense pour les affaires de sécurité internationales, et du commandant en chef de l’Africom, le général Michael Langly, a eu une séance de travail avec le Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine, entouré des membres du gouvernement et du CNSP, les 12, 13 et 14 mars derniers, à Niamey.

Selon le porte-parole du CNSP, sur le choix des partenaires diplomatiques, stratégiques et militaires, le gouvernement du Niger regrette la volonté de la délégation américaine de dénier au peuple nigérien souverain, le droit de choisir ses partenaires et les types de partenariat à même de l’aider à lutter véritablement contre le terrorisme, alors même que les Etats-Unis ont décidé unilatéralement de suspendre toute coopération entre les deux pays.

Aussi, le gouvernement du Niger dénonce-t-il “avec force l’attitude condescendante assortie de la menace de représailles de la part de la délégation américaine vis-à-vis du gouvernement nigérien”. “Cette attitude est de nature à saper la qualité de nos relations séculaires et miner la confiance entre nos deux gouvernements, déjà entamé par les événements du 19 octobre dernier,” a-t-il annoncé.

S’agissant des cas précis de la Fédération de Russie et de la République Islamique d’Iran, deux pays avec lesquels le Niger entretient des relations diplomatiques depuis plusieurs décennies, M. Amadou a indiqué que “le gouvernement tient à porter à la connaissance du peuple nigérien et de tous les peuples de la communauté internationale, qu’il n’a jamais signé d’accord secret avec ses pays partenaires.”

Tous les accords signés par le Niger depuis l’avènement du CNSP, respectent le droit international et les règles de transparence, indique le communiqué. “C’est pourquoi, le gouvernement du Niger rejette les allégations mensongères de la cheffe de la délégation américaine, consistant à soutenir qu’il aurait signé un accord secret avec la République Islamique d’Iran. Cette approche cynique, habituellement utilisée par les Etats-Unis pour discréditer, diaboliser et justifier leur menace contre les Etats, n’est pas sans rappeler l’exemple de la seconde guerre d’Irak,” a-t-il rappelé.

Quant à la Fédération de Russie, le porte-parole du CNSP a déclaré qu’il s’agit “d’un partenaire avec lequel le Niger traite d’Etat à Etat, conformément aux accords de coopération militaire signés avec les gouvernements antérieurs pour acquérir le matériel militaire nécessaire à sa lutte contre le terrorisme qui a fait des milliers d’innocentes victimes nigériennes, sous l’œil indifférent d’une bonne partie de la communauté internationale.”

Concernant la coopération entre les deux pays, en particulier la coopération militaire et la lutte contre le terrorisme, “la présence américaine sur le territoire de la République du Niger est illégale, et viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques qui voudraient que le peuple souverain, notamment à travers ses représentants élus, soient consultés pour l’installation d’une armée étrangère sur le territoire national. Ainsi c’est par simple note verbale du 6 juillet 2012, que la partie américaine a unilatéralement imposé au Niger un accord relatif aux statut du personnel militaire des Etats-Unis, et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire de la République du Niger,” a-t-il fait savoir.

Car, cet accord est non seulement profondément injuste dans son fond, mais également ne répond pas aux aspirations et aux intérêts du peuple nigérien pour des raisons objectives, car il contraint le Niger à payer des factures liées aux taxes des avions militaires américains dont ces derniers doivent normalement s’acquitter et qui coûtent des milliers de milliards de FCFA aux contribuables nigériens ; ensuite, les autorités nigériennes compétentes n’ont aucune information militaire menée en provenance des forces américaines au Niger, et ignorent jusqu’aux effectifs civils et militaires, ainsi que les matériels américains déployés sur le sol nigérien.

Enfin, l’armée américaine n’a aucune obligation selon l’accord d’accéder aux demandes nigériennes d’appuis contre les groupes terroristes qui “assassinent nos vaillantes FDS (forces de défense et de sécurité) et massacrent nos laborieuses populations”.

Par ailleurs, depuis quelques semaines, le gouvernement nigérien a constaté des activités illégales de survols de son territoire par des aéronefs américains, qui amènent à s’interroger sur la sincérité de leur partenariat et la pertinence du maintien de l’accord de coopération imposée par note verbale.

Il a ajouté qu’une correspondance diplomatique serait adressée à la partie américaine à cet effet.

Il faut rappeler que cette dénonciation des accords de coopération militaire avec les Etats-Unis intervient après celle de ceux avec la France, dans plusieurs domaines de sécurité et de défense, suite au coup d’Etat du 26 juillet dernier.