Cela fait presque dix jours qu’une importante délégation tchadienne séjourne dans la capitale du Qatar, ce pays de la péninsule arabique, pour tenter de dissuader les Tchadiens qui ont opté pour la lutte armée de déposer les armes (ad vitam aeternam ?). Une semaine après, les pourparlers n’ont pas encore commencé.

Si les discussions avec ces politico-militaires, entreprises depuis le 13 mars dernier, visent principalement à les convaincre à participer au Dialogue national inclusif, qui aura lieu en mai prochain à N’Djamena, elles ont vite été suspendues depuis lors pour des raisons d’intérêts particuliers et d’accommodation. Le premier report de 72h est dû au fait que la partie rebelle réclame que le pays hôte soit médiateur, le deuxième report est du au fait que le gouvernement a demandé 48h pour accorder ses violons. Les 48h se sont écoulés il y a de cela deux jours et toujours pas de négociation entre les deux parties. Selon nos informations, le pays hôte, en sa qualité de facilitateur, aurait exigé que chaque partie désigne dix négociateurs pour la représenter. Un exercice des plus fastidieux pour les politico-militaires. Pour rappel c’est un ensemble de 52 mouvements qui se trouvent à Doha. Chacun voit midi à sa porte. En termes clairs et en bons Tchadiens, chaque groupe rebelle vise ses intérêts particuliers et veut y être représenté. 

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Normalement menées, les négociations entre le gouvernement et les politico-militaires devraient aboutir à la signature d’un accord. Avant que les choses sérieuses ne commencent, un document contenant une vingtaine de propositions a fuité. Il s’agit, entre autres points, « libération effective, immédiate et sans conditions de tous les prisonniers de guerre, prisonniers politiques et d’opinion par un décret spécial ». Dans le même document il est exigé « un cessez-le-feu général, immédiat et concomitant sur l’ensemble du territoire national avant le démarrage du Dialogue national inclusif, du désarmement et de la réinsertion des combattants. Et enfin le document exige la cessation de « toute hostilité de quelle que nature que soit, et toute campagne médiatique de dénigrements… »

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Ici au Tchad, particulièrement à N’Djamena tout le monde a les yeux rivés sur Doha où se joue le sort du pays pour les prochaines années. La population piaffe d’impatience, les Tchadiens espèrent que grâce au Dialogue national inclusif, ils vont enfin tourner la page de la lutte armée pour vivre en paix et mettre définitivement leur pays sur la voie du développement. Aussi, certains observateurs craignent que Doha soit une occasion pour dilapider une grande partie des fonds destinés à l’organisation du Dialogue national inclusif. Il reste donc que les deux parties, accordent leurs violons pour l’intérêt national qui vaut plus que tout.