La mairie de Sarh et la ville qu’elle gère s’apitoient sur leur sort.

Sarh est gagnée par l’insalubrité. Les rues et marchés sont tous concernés. Les chaussées sont envahies par le sable. L’éclairage public ne fonctionne plus. Sarh, la ville verte et historique, ressemble de plus en plus à un vestige.  « En ce moment-là, on faisait le désherbage et le curage des caniveaux. Vous voyez, même pour le goudron, on employait les femmes pour un nettoyage régulier. Mais, maintenant, plus rien. C’est une honte avec l’arrivée des étrangers », peste un ancien employé de la commune de Sarh.

« Notre ville est méconnaissable. Il n’y a rien qui marche. On doit repartir sur de nouvelles bases », préconise un participant à l’initiative « Tous à Sarh », tenue du 27 au 31 décembre 2021.

Lire aussi: Société : les Sarhois comptent donner un nouveau souffle à leur ville

La mairie de Sarh dit être consciente de cette situation. Elle dit faire de son mieux pour soulager la population. Malgré les difficultés que le personnel de la commune vit. « Nous faisons ce que nous pouvons. Nous assurons toujours le minimum. Nous faisons l’enlèvement des ordures. Même si ce n’est pas regulier.  La population et la production ont augmenté. Vous savez que la production journalière au niveau de la ville est d’au moins 80 tonnes d’ordures rejetées dans la nature. Et au niveau de la mairie, tout est vieillissant. Nos engins sont en panne. Nous n’arrivons pas à accomplir notre rôle normalement. Nous faisons également certains nettoyages de voirie. Tout est lié à nos moyens », explique Gali Mando, le directeur des services techniques de la mairie.

Le personnel de la mairie en difficulté

Le directeur Mando de relever que le personnel de la commune est à bout de souffle. « La mairie de Sarh connait une situation de crise en ce moment. Ça fait au moins 36 mois que nous n’avons pas gagné. Il faut assurer le nettoyage des voiries, l’enlèvement des ordures, il faut faire l’entretien des circuits des éclairages publics, l’ouverture et la tracée des rues, les réalignements, le désherbage. Par jour, il y a des indulgents qui meurent. C’est une ville verte, il faut faire l’élagage des arbres. Tout est à la charge de la commune. Et nous avons peu de moyens », regrette-t-il.

D’après lui, les taxes récoltées par la commune ne suffisent pas. Il faut  également  un apport de l’État. « On a des taxes mais avec le système d’unicité des caisses, l’argent va d’abord au trésor et quand ça arrive, on a des difficultés à sortir cet argent. Tant que le trésor ne se prononce pas, le besoin est là mais on n’en peut rien faire. Donc ce n’est pas nous qui gérons la chose, une partie est gérée par l’État », se défend-il.

Depuis 3 ans, la commune dit n’avoir pas reçu de financement. « Ça passe ailleurs mais pas ici. Les papiers arrivent mais l’argent on ne voit pas », déplore le directeur Gali.  

Les responsabilités de la crise partagées

Pour le Secrétaire général de la commune de Sarh, Katchiri  Boka, la première difficulté se trouve au niveau du système de gouvernance des communes. « Je me dis est ce que les conseillers savent qu’ils font un travail bénévole. Ils pensent qu’ils doivent être rémunérés. En 7 ans, j’ai servi 5 maires. Il y a des coups et c’est comme ci chacun veut devenir maire. Chacun faisait venir un de ses parents à la mairie croyant qu’avec la construction du nouveau marché, il y aurait des sous. D’une centaine d’employés, on s’est retrouve à plus de 400 personnes ».

C’est à ce niveau que, ajoute-t-il, les problèmes ont commencé. « Les grèves ont commencé. On a fait 6 mois de grève. Les gens sont fatigués. Pendant ce temps, les collecteurs qui ont des sous, chacun a disparu avec ses valeurs. Il fallait faire des pressions pour que l’argent revienne au trésor. Chacun vient, il travaille un peu et il disparaît, vous ne pouvez pas lui demander pourquoi il est parti », se résigne-t-il.

Même au niveau des commerçants, renseigne le SG, il y en a qui sont résistants. Ils ne veulent pas verser de taxe. « Nous disons à la population de Sarh que la commune est leur propriété. Elle doit nous aider dans cette situation difficile », lance-t-il.