SOCIETE – Un bon nombre d’usagers de la voie publique circulent tout en manipulant leurs téléphones. Une situation dangereuse mais qui a pignon sur rue.

Téléphone à l’oreille en pleine conversation alors qu’il est au volant d’une voiture à vitres fumées. Nous avons suivi M. X sur l’avenue Mobutu. Du rond point de l’Union jusqu’à l’ex-rond-point centenaire, X se plait au volant de sa voiture, à téléphoner ou à manipuler cet outil. Conséquence : il obstrue la voie publique sans tenir compte du grand nombre d’engins bloqués derrière lui.

Un comportement jugé « incivique » par Ali, un autre usager. « Comment une personne normale peut-elle ainsi barrer la route aux autres sans gène », lance-t-il furieux.  Comme Ali, plusieurs citoyens décrient à longueur de journée l’utilisation du téléphone en pleine conduite. C’est le cas d’Hissein, conducteur de moto taxi. « Ils sont nombreux à conduire en utilisant le téléphone sans toutefois se soucier des gens qui empruntent les voies avec eux. » 

Entre « incivisme » et « mauvaise éducation  »

Pourtant, téléphoner en conduite est prohibée par les textes régissant la circulation au Tchad. Pour Justin, conducteur de véhicule gros-porteur dans une grande institution internationale de la place, depuis plus de 11 ans, cette pratique, « malheureusement », récurrente, relève d’un problème de discipline personnelle.

« La conduite ne peut guère se faire téléphone à l’oreille. C’est de l’incivisme. C’est comme un chirurgien au bloc opératoire mais qui est en train de surfer sur le réseau bleu. Comme peut-il être concentré sur l’objectif ? », s’interroge-t-il. «  C’est un problème de discipline. Sinon un manque de bonne éducation », conclut-il.

Mise en danger des vies humaines

La mauvaise conduite, dont l’utilisation du téléphone au volant, est à la base de beaucoup d’accidents dans la capitale. Pour Justin, « la conduite imprudente est une mise en danger des vies humaines ». « En roulant sans attention, on peut ramasser des paisibles citoyens. Nous en avons vu plusieurs fois. Soit, un monsieur entre en collision avec notre camion parce qu’il était saoul, soit parce qu’il est au téléphone et n’a pas prêté attention… », se souvient-il.

Dans la même lancée, Hissein, ajoute que  « cette pratique constitue un trouble à l’ordre public ». « En bloquant quelques fois les voies, ces conducteurs troublent la tranquillité des usagers. Ils leur perdent même tout le temps », s’insurge-t-il.

Inertie des forces de l’ordre

Généralement, ces pratiques se déroulent sous le regard impuissant des agents de la police ou de la gendarmerie. Pourtant, il y a un corps de la police chargé de contrôler la circulation.

« Ils sont censés amender les mauvais conducteurs mais, chose curieuse, ce n’est que des pauvres citoyens qui sont brutalisés », relève Mbairé Madji Lucien. Pour lui, il y a également des agents des forces de l’ordre qui ont recours à cette pratique. Il appelle donc les autorités tchadiennes à prendre en main cette question, source de « danger public ».