Depuis le mois de juillet 2021, l’abattoir frigorifique de Farcha (AFF) dans le 1er arrondissement de N’Djamena est à l’arrêt. Quelles sont les raisons ?

Ce matin 5 novembre, quelques agents de l’abattoir sont assis sur la natte juste à côté. Les délégués du personnel sont réunis pour discuter de la situation. L’un d’eux rapporte qu’ « actuellement nous sommes en pleins pourparlers pour trouver la solution. Et d’ici la semaine prochaine, la solution sera trouvée et on va ouvrir les portes ».

Le problème majeur en ce moment est le manque d’électricité. « certainement, il y a d’autres problèmes mais notre souci majeur reste le manque d’électricité dans le bâtiment », souligne ce délégué.

2 milliards de dettes

Nommé le 20 septembre 2021, l’administrateur gestionnaire provisoire Issaka Abbo Idriss relève que « l’abattoir fonctionne mais n’arrive pas à payer ses agents ».

Le problème réel reste les dettes accumulées de plus de 2 milliards depuis 1999. « Vous savez l’abattoir a accumulé plus de 2 milliards de francs FCA de dette. La Société nationale d’électricité elle seule a une dette de 843 millions de francs CFA, sans parler des autres dettes comme celles de la Caisse nationale de prévoyance sociale, les arriérés, etc. », énumère-t-il.

La situation est telle que un mois de salaire des agents équivaut à trois mois de fonctionnement de l’abattoir. « Imaginez-vous cela, sans les autres dépenses, pour payer un mois aux agents, il faut un montant de 23 millions de francs CFA, alors que par mois l’abattoir fait à peu près 7.6 millions de recettes seulement », calcule-t-il.

Déjà les ministres en charge de l’Élevage, de l’Énergie et des Finances sont à pied d’œuvre pour remédier à cette situation de l’abattoir. « Ce matin même les deux ministres (des Finances et de l’Énergie) ont échangé sur la question. Le ministre des Finances s’engage pour la question d’énergie », rapporte l’administrateur.

Lire aussi : Tchad : le personnel des abattoirs frigorifiques de Farcha prend d’assaut le ministère de l’Elevage

Il reste ensuite l’engagement de la nouvelle l’équipe pour payer les factures à venir une fois que l’abattoir commencera à fonctionner normalement. « La société nationale d’électricité ne va pas accepter tant que la nouvelle équipe ne fait pas d’efforts pour payer les factures couramment », pense l’administrateur gestionnaire provisoire Issaka Abbo Idriss.

Face à la concurrence des aires d’abattage, il relève enfin que l’abattoir de Farcha doit doubler d’efforts pour payer normalement ses agents et payer ses dettes.

Pour rappel, les viandes qui inondent les marchés proviennent des aires d’abattage secondaires et des abattages clandestins nocturnes. Ce sont les aires d’abattage de Lamadji, Diguel-Dinguessou, Gaouï, Gassi, Walia et Ngueli qui alimentent en ce moment les marchés.

Lire aussi : Tchad: le personnel de l’abattoir de Farcha décide de passer la nuit au ministère de l’Elevage