Le baccalauréat a été créé dans sa version moderne sous Napoléon 1er par le décret organique du 17 mars 1808 et est considéré comme le premier grade universitaire. Ce diplôme marque pour la majorité des candidats, un tournant dans leur vie personnelle et professionnelle. C’est aussi la phase du choix, de l’avenir, du devenir, du doute, etc. Trouver sa voie pour la plupart des futures élites Tchadiennes reste une question de décision personnelle ou familiale.

D’après le magazine Jeune Afrique N°2638 portant sur l’enquête : “Diplôme que vaut le BAC sur le continent”, le BAC Tchadien à la réputation d’être facile et c’est qui explique la candidature des élèves Camerounais. C’est un fait connu de tous les Tchadiens que notre BAC est tristement célèbre dans le monde. Ce n’est pas un examen sélectif pour jauger sur le niveau réel des étudiants. La majorité des Bacheliers Tchadiens à l’étranger reprenne la première année universitaire à cause du niveau insuffisant. C’est rarement le cas des autres pays du continent. Les pays du MAGHREB ont généralement un taux de réussite supérieur à 50 %.

Tout parent responsable souhaite ce qu’il y a de mieux pour ses enfants mais à quel prix ? En effet, le référentiel d’orientation de la grande majorité des parents est la réussite et rarement la vocation. Influencés par la réussite d’une tierce personne dans un domaine, la majorité des familles orientent leurs enfants vers la voie qui mènerait au succès équivalent. Les risques de ce phénomène sont : un marché du travail hypertrophié et inondé par le même profil, un désert universitaire, un désert professionnel, effectif pléthore des lieux de formation etc. Il faut de tout pour former un monde et le Tchad ne devrait pas échapper à cette règle. Durant toute la formation secondaire, les élèves ne savent pas ce qu’ils veulent réellement après le BAC. Ils se rabattent au dernier moment sur des spécialités d’opportunité.

La bourse universitaire est rarement un allié sur les orientations professionnelles, elle accentue plutôt le phénomène de choix de circonstance. Animés par le désir d’indépendance, la découverte de l’étranger, le bachelier peut être incité à accepter une bourse qui est parfois diamétralement opposé à sa vocation. Les conséquences directes de ces incohérences sont : une augmentation du taux d’échec universitaire, un abandon de formation, un changement de spécialité en cours de parcours. En outre, un cycle universitaire qui devait durer deux, trois ou cinq ans d’étude dans un cas idéal se trouve en fin de course multiplié par un facteur deux ou trois. Sachant que l’aide forfaitaire est de 75 Euros soit 50,000 XFA et que chaque année les pays partenaires avec le Tchad octroient une dizaine de bourse. On notera ici une perte de temps et d’énergie pour l’étudiant et une perte financière pour le Tchad. Le solde est aussi négatif sur le plan national. L’élève, livré à lui-même, ne peut compter que sur les conseils de ses proches.

Le choix logique d’orientation ne devrait pas être dissocié de l’environnement, des opportunités de travail, des centres d’intérêts et des facultés cognitives de l’élève. Les spécialités les plus sollicitées sont les sciences sociales en général. Les longues études ne sont pas une priorité ; pour la plupart ils sont pressés de finir leurs études et d’intégrer le monde du travail. Ils préfèrent les cycles courts diplômant car il est plus facile d’être embauché.

Les étudiants, durant leur formation sont pris en charge soit par l’Etat soit par leur famille. La question que l’on peut se poser est combien d’étudiants sont financés par l’Etat ? Il est difficile de chiffrer ce nombre ; il arrive souvent que la liste des boursiers ne soit pas mise à jour. On ne sait pas qui est en train de réellement faire ses études ? Quelle spécialité fait-il réellement ? Voilà autant de questions qui resteront sans réponse. L’élément flagrant de cette ignorance est le versement de l’aide forfaitaire à des étudiants diplômés et qui sont rentrés au pays. Le manque de système de suivi des étudiants pousse ces derniers à ne présenter aucun document qui justifie qu’ils sont régulièrement inscrits à l’université. La bourse d’étude se résume à une inscription à l’université. Pour les plus chanceux d’entre eux, ils perçoivent occasionnellement une aide forfaitaire de 50.000 XFA / an.

Eu Egard de ce fait, les parents se doivent de contribuer pour ne pas dire prendre en charge le financement des études. Les familles modestes ne peuvent subvenir aux besoins de leurs enfants, il reste donc la solution de l’autofinancement. Comment être autonome financièrement si on débarque fraichement dans un pays étranger ? Certes avant de quitter le Tchad les parents versent une certaine somme à leurs enfants, mais cet argent ne sert qu’à financer la première année d’étude pour le reste c’est le « système D ». Une vie spartiate guette les étudiants ! On ne sait pas s’ils sont oubliés ou ignorés par ceux qui les ont envoyés au départ. Je pense que cette situation pourrait changer si les médias Tchadiens faisaient un reportage sur la vie des étudiants à l’étranger. Comme dit l’adage « une image vaut mieux que mille mots ». Ce reportage pourrait interpeller les décideurs préoccupés par d’autres soucis certainement plus urgents. On comprend pourquoi certains décident de ne pas rentrer au pays après avoir fini leurs études.

L’ennemi le plus dangereux n’est pas la guerre mais plutôt une jeunesse sans instruction.

YACIN Tahir Souleyman