A 46 ans, Emmanuel Deukeunbé magistrat de haut niveau, est l’un des rares Tchadiens à ne pas céder à l’arbitraire. Intégré en 1998, il n’a jamais cédé aux pressions politiques. Avec fermeté, il a refusé de cautionner la condamnation grossière du député Gali Gata Ngoté, protégé par l’immunité parlementaire. Deukeunbé a connu toute la cabale politique qui a marqué l’épilogue de sa carrière de magistrat. Dans les différents postes qu’il a occupés, ceux qui ont collaboré avec lui ont en tête l’image d’un homme intraitable. Traduit devant un conseil de discipline acquis à la volonté du pouvoir, Deukeunbé est révoqué le 13 juin 2012. Le président Idriss Déby Itno lui-même, le crucifie en signant le 04 juillet 2012, le décret de sa radiation. Durant toute sa carrière, il s’est opposé aux pressions arbitraires de ses supérieurs. Cette attitude, lui a valu plusieurs affectations sanctions dans les régions où la notion de justice est mal perçue. A Biltine, il a échappé de justesse à un assassinat. Les cicatrices sur son cou et son clavicule droit sont encore visibles. C’est ainsi qu’il quitte son poste. Nonobstant, il est traduit devant le conseil de discipline, où il écope d’une suspension de six mois et sans salaire. Rétabli dans ses fonctions, le climat étouffant de la justice et l’insécurité dont il faisait l’objet, le poussent à se rendre au Burkina-Faso poursuivre ses études en droit. Il obtient à l’issue de ses études un DESS (Diplôme d’Etudes Supérieures Spécialisées) en droit des affaires. A son retour, il sera nommé successivement conseiller à la Cour d’Appel de N’Djaména puis à la Cour d’Appel de Moundou, son dernier poste. Quoique disent ses détracteurs, l’homme a, la tête haute, pour avoir agi avec probité. Tout son parcours est émaillé de cette lutte pour le triomphe de la justice. A aucun moment, les justiciables se sont plaints de lui. Son refus de siéger à cette cour de guillotineurs qui voulait envoyer le député Gali au crématoire, fait de lui l’homme de l’année. Car, sa victoire a été la victoire du bien sur le mal. Aujourd’hui, conseiller juridique à la Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme (LTDH), ceux qui ont pensé lui couper l’herbe aux pieds ont raté leur cible. Marié et père de quatre enfants, Emmanuel a la conscience tranquille et continue par œuvrer pour un Tchad de plus en plus juste. Écrivain en herbe, peut être qu’un jour, il laissera une riche expérience pour la postérité. Abba Garde lui souhaite beaucoup de courage dans la poursuite de son combat combien difficile.
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