Les commerçants déguerpis en 2012 du marché de Dembé, réunis en Assemblée générale le 2 novembre, accordent un délai de 5 jours aux autorités pour suspendre les travaux en cours sur cet espace déguerpi. 

L’affaire du déguerpissement du marché de Dembé est un véritable feuilleton. En 10 ans et 5 mois, le comité de gestion de crise mis en place par les 2825 commerçants victimes a toqué à toutes les portes, des directeurs généraux des institutions de l’Etat jusqu’au maréchal peu avant sa mort.  

Les commerçants ont jugé ce déguerpissement illégal et depuis lors, ils ont engagé des procédures tant administratives que judiciaires pour tenter d’entrer dans leur droit.

Après plusieurs tractations, ils ont réussi à saisir le défunt maréchal Idriss Deby. Instruction a été donnée à la mairie pour que ces gens entrent dans leur droit. « Malheureusement, ces instructions ont été foulées au pied par la mairie de N’Djamena après la mort du maréchal », regrette le président du comité de gestion de crise, Oumar Attona.

Se définissant comme légalistes, ces commerçants ont saisi la justice qui leur a donné raison et a demandé que le terrain leur soit restitué.

Lorsqu’en 2012, l’État a pris la décision de déguerpir ce marché historique, c’était dans l’optique de bâtir un ouvrage d’intérêt public comme une école ou un hôpital. Ce qui a été accepté par les déguerpis, bien que difficile.

En pleine discussion avec les autorités et à leur grande surprise, ils constatent qu’un chantier a commencé sur l’espace déguerpi. Des maçons ont commencé à construire des boutiques.

À qui appartiennent ces boutiques en construction ? tantôt on leur dit que les boutiques appartiendraient aux membres de l’ex Conseil Militaire de Transition, c’est-à-dire les généraux, tantôt vendus à d’autres commerçants du marché à mil ou central.

C’est le premier argumentaire qui semble être plausible, car selon le président du comité de gestion de crise, plusieurs fois des hommes armés sont venus déloger les gendarmes en faction emmenés par la Justice pour surveiller les lieux.

« Il y a des gens qui se croient au-dessus de la justice par ce qu’ils sont venus demander aux gendarmes de la justice de quitter les lieux et donner l’ordre aux maçons de continuer à construire les boutiques malgré l’ordre donné par le procureur d’arrêter toute activité sur le site » ,poursuit le président du comité de crise.

Les déguerpis se sont sentis lésés, ils ont encore saisi la justice et le 29 octobre dernier, une ordonnance de suspension de chantier a été donnée, mais malheureusement, le lendemain, les constructions ont repris.

Face à cette situation, les commerçants victimes réunis en assemblée générale décident de donner 5 jours aux autorités pour leur trouver une solution, passé ce délai, le gouvernement sera responsable de tout ce qui adviendra disent-ils.