Dans le cadre de l’Accord tripartite signé entre le Tchad, le Soudan et l’agence des Nations-Unies en charge des réfugiés, HCR, les réfugiés soudanais résidant au Tchad regagnent peu à peu le Soudan. Dans un entretien accordé à Tchadinfos.com, le chef de la sous-délégation du HCR d’Iriba, Kaburaburyo Nicolas explique la notion du rapatriement volontaire et la procédure y relative.

Une vague de réfugiés soudanais résidant au Tchad a été convoyé dans leur pays dans le cadre du rapatriement volontaire. Expliquez-nous ce que signifie ce concept.

Le rapatriement volontaire est l’une des solutions durables pour les réfugiés. Au HCR, nous avons trois solutions durables notamment le rapatriement volontaire, la réintégration locale et la réinsertion dans un pays tiers. Pour le rapatriement volontaire, c’est la solution la plus privilégiée parce que les réfugiés retournent dans leur pays et se réintègrent là-bas. Les réfugiés prennent eux-mêmes la décision de retourner dans leur pays volontairement. Ce que nous faisons à notre niveau, c’est que nous puissions mettre en place le cadre juridique qui conduit ce rapatriement et donner des informations nécessaires qui peuvent leur amener à prendre la décision de regagner volontairement leur pays. J’insiste sur le caractère volontaire parce qu’on ne peut pas forcer un réfugié à rentrer dans sa patrie. En plus de cela, s’il y a des réfugiés qui décident de rentrer dans leur pays, personne ne doit les en empêcher. Donc quand je parle de retour volontaire, c’est de deux côtés. Non seulement les réfugiés décident eux-mêmes mais aussi le HCR facilite le processus.

Quelle est la procédure qui aboutit au rapatriement volontaire ?

La procédure commence par la mise sur pied du cadre juridique qui est l’Accord tripartite conclu entre le Tchad, le Soudan et le HCR au mois de mai 2017. Et au mois de février et mars 2018, on a mis en place le plan opérationnel du rapatriement qui montre tout le processus qu’il faut suivre pour assurer les opérations du rapatriement. Alors ce que nous faisons concrètement sur le terrain, on fait d’abord les enquêtes sur les intentions de retour pour savoir combien de réfugiés qui pensent ou veulent retourner chez eux. Ensuite on  fait la sensibilisation dans tous les camps pour que les réfugiés aient suffisamment d’informations concernant les opérations de rapatriement et tout le processus du début à la fin. Nous avons aussi mis en place ce que nous appelons le bureau d’aide au retour qui est présent dans tous les six camps de la délégation d’Iriba que nous gérons conjointement avec la Commission nationale d’accueil et de réinsertion des réfugiés (CNARR). Les réfugiés, sur la base d’informations que nous leur donnons ou sur celles qu’eux-mêmes obtiennent, prennent la décision du retour et se présentent à la CNARR et au HCR pour se manifester. Nous procédons à l’enregistrement pour qu’enfin nous leur délivrions le formulaire de rapatriement volontaire pendant leur retour au Soudan. Et dès que le processus d’enregistrement prend fin, il y a le  contrôle médical. En même temps, nous faisons la vaccination contre la fièvre jaune sur tout réfugié qui désire retourner au Soudan. Nous effectuons aussi des contrôles sur le bétail des réfugiés avec les autorités vétérinaires. Je voudrais ici souligner notre collaboration avec la CNARR, partenaire gouvernemental qui nous assiste durant tout le processus. Après ces étapes, la CNARR et le HCR procèdent à l’enregistrement et la fouille des bagages des candidats au retour. Quand tout cela est fait, les réfugiés avec leurs bagages sont déplacés sur le site de transit où ils passent la nuit pour être embarqués le lendemain. Avant de partir, chaque ménage reçoit le kit d’installation et le formulaire de retour volontaire. C’est après ça que le convoi se met en route pour boucler la procédure.

Est-ce que vous rencontrez durant ces différentes étapes ?

Les difficultés, nous les en avons de temps en temps mais on s’efforce de trouver de solutions parce que lorsqu’un réfugié décide de rentrer volontairement chez lui, nous devons faire tout le nécessaire pour l’aider dans ce sens. C’est pourquoi nous tenons régulièrement des réunions pour préparer le convoi et s’assurer que tous les problèmes qui vont se poser seront solutionnés. Nous tenons aussi des réunions d’évaluation des convois pour voir ce qui a marché et ce qui ne l’est pas, ce qu’il faut améliorer et ce qu’il faut pérenniser. Chaque convoi a sa particularité. Raison pour laquelle nous évaluons toujours. De toute façon, les problèmes existent toujours mais on essaye de les régler pour permettre aux réfugiés de rentrer chez eux dans la sécurité et la dignité. On parle du caractère du retour volontaire mais il faut que cela se fasse dans la sécurité et la dignité.