À Goré dans le département de la Nya Pendé, le camp des réfugiés d’Amboko abrite 10 718 âmes répartis sur 2 640 ménages. Ce camp créé en 2003 se transforme en un village grâce aux initiatives de l’Etat tchadien et les ONG notamment l’UNICEF.

Au pied du mur du quartier “Ambiance”, Ommel Jacqueline ne sent plus ses jambes. Fatiguée et âgée elle est assise sur une natte et regarde ses petits enfants s’amuser.

Cette mère de neuf enfants dont six garçons a fui son pays natal la Centrafrique il y a près de 20 ans suite à l’incursion des rebelles pour se réfugier au Tchad. Elle et ses enfants ont été accueillis au camp d’Amboko dans le département de la Nya Pendé, et pris en charge par l’Etat tchadien en partenariat avec les ONG opérant au sud du pays. «Ils nous ont donné de maïs, nattes, sceau d’eau, des puits d’eau et pompes et ont construit des latrines ».

Après quelques années, le camp d’Amboko prend un nouveau visage. Les réfugiés composés de centrafricains et congolais se sont installés et ont entamé une nouvelle vie. « Ces ONG ont ouvert des écoles ici et le Fonds des nations unies pour l’enfance (UNICEF) a remis des fournitures scolaires à savoir les sacs à dos, bics, cahiers et autres », indique Ommel Jacqueline.

Ommel Jacqueline



Selon le gestionnaire du camp d’Amboko, Abdoulaye Alain, ils étaient environ 14 000 personnes abritées dans ce camps dans les années 2003. Au fur et à mesure, les uns ont regagné leur pays mais la grande partie a intégré la société tchadienne. « De 2003 jusqu’en 2005, c’était la période d’urgence. Ces réfugiés qui étaient arrivés là, on a installé des tentes pour les accueillir. Mais vous le savez les tentes ont une durée de vie, un an ou un an et demi. Après cette phase d’urgence, des sensibilisations ont été faites par la Commission nationale d’accueil et de réinsertion des réfugiés (CNARR) et les ONG notamment le fonds des Nations unies pour les enfants UNICEF et autres l’objectif était de passer de la page d’urgence à la phase de développement. Nous avons sensibilisé les réfugiés, nous avions mis des kits de construction à leurs dispositions. À partir de là, les gens commençaient à construire des maisons en paille qui remplaçaient au fur et à mesure les tentes ».

Les tentes qu’habitaient les réfugiés ont fait place aux habitations : des maisons en brique. « Après des maisons en paille, une autre sensibilisation a été faite pour expliquer la durée de vie des pailles et leur rareté. Il faut que les gens se mettent en groupement pour essayer de construire des maisons », explique Abdoulaye Alain.

Aujourd’hui, le camp des réfugiés d’Amboko présente une nouvelle configuration sous l’initiative de l’État et ses partenaires humanitaires dont l’UNICEF. L’on observe des infrastructures telles que: centre des jeunes, centre des femmes, centre de santé communautaire où la prise en charge des maladies est gratuite, des établissements scolaires. « c’est juste pour leur amener à une autonomie de gestion. Il y a des réfugiés qui ont bénéficié des bourses d’études et après sont devenus personnel des centres de santé. D’autres ont reçu des formations dans différents domaines dont certains sont devenus des couturiers, guides et autres », relate le gestionnaire du camp.

Forage d’eau au camp d’Amboko



En terme de sécurité, le détachement des gendarmes appelé DPHR (détachement pour la protection des humanitaires et les réfugiés), s’est installé sur le site. Il assure les besoins des réfugiés et humanitaires. Selon le recensement de 2019, le camp d’Amboko compte 10 718 âmes répartis sur 2 640 ménages. Cette population est composée de 53% des femmes.

L’UNICEF continue par appuyer ces réfugiés à travers des projets Wash qui prévoit la construction des latrines d’urgence et Château d’Eau, la prise en charge des enfants malnutris et le rapatriement volontaire des réfugiés.