L’intégration à la Fonction publique par voie de concours des lauréats des écoles professionnelles fait parler.

Dans une note adressée au Premier ministre, Pahimi Padacké Albert le 21 mars, le directeur du cabinet civil du chef de l’État Abdoulaye Sabre Fadoul, relayant les instructions de Mahamat Idriss Déby, lui a demandé d’accélérer le processus du recrutement à la Fonction publique. Le document précise que le recrutement doit se dérouler par voie de concours dans des conditions “irréprochables de transparence et de justice”.

Réactions des lauréats des écoles professionnelles

Une condition que les lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration refusent. “Nous étions déjà admis au concours et nous avons passé des examens finaux à la fin de notre formation. On ne peut pas passer un troisième concours, c’est de trop. C’est une manière de tromper la vigilance des lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration’’, fulmine leur porte-parole, Neuzilka Emmanuel.

Les lauréats des écoles professionnelles en instance d’intégration réclament leur intégration pure et simple sans passer par le concours. ’’On ne va pas composer le concours’’, rejettent-ils en bloc. Le collectif des diplômés a accordé un délai au gouvernement afin qu’il prenne ses responsabilités. “S’ils ne réagissent pas, nous allons reprendre la rue’’, a indiqué le porte-parole.

A ce jour, les lauréats des écoles professionnelles qui luttent pour l’intégration à la Fonction publique sont estimés autour de 20 000 personnes. Parmi elles, certains sont sortis lauréats depuis 2005, mais continuent par attendre.

Que dit la loi au sujet de l’intégration à la Fonction publique ?

La loi 17 de 2001 portant statut général de la Fonction publique prévoit en son article 41 que les recrutements à la Fonction publique s’effectuent par voie de concours, rappelle l’avocat au barreau, Yannick Yonoudjim. ’’Pendant plus de deux décennies, l’application de cette loi est mise entre parenthèse par les autorités. Le recrutement par voie de concours est légal’’, indique-t-il.

Pour ce juriste, lorsqu’on forme les lauréats dans des écoles professionnelles, c’est pour répondre à un besoin précis. ’’Au sortir de ces écoles, on devrait recruter de façon systématique les lauréats. Mais lorsqu’on passe par voie de concours et que certains lauréats ne réussissent pas à ces concours, où est-ce qu’on va les absorber ?’’, s’interroge-t-il.

Le politologue et enseignant-chercheur, Ahmat Mahamat Hassan, ajoute de son côté que ces lauréats sont déjà considérés comme élèves fonctionnaires, ils ne pourront pas encore composer un concours avant d’accéder à la Fonction publique. ’’C’est injuste d’instaurer un concours pour les lauréats des écoles professionnelles (…) Le gouvernement n’est pas dans son droit’’.