Le ministère de la Santé publique et de la Prévention, en partenariat avec l’Agence nationale des titres sécurisés ( #Anats), l’Unicef et l’ONG Technidev, a procédé au lancement officiel de la campagne d’enregistrement universel à l’état civil des naissances, appelé aussi ‘’Tasdjil’’ de la ville de N’Djaména, ce jeudi 16 novembre à la Maison nationale de la femme.

En 2021, les États membres de l’Union africaine ont adopté des dispositions communes pour accélérer l’enregistrement à la naissance de tous les enfants africains, afin de remplir leurs engagements en faveur d’un enregistrement universel des naissances d’ici à 2030. C’est ainsi que pour le Tchad, l’Agence nationale des titres sécurisés, a entamé la digitalisation de son système d’enregistrement à l’État civil. Cette campagne, vient à point nommé pour matérialiser la volonté des États membres.

En 2022, l’Anats, avec l’appui de ses partenaires a développé Tasdjil. Une solution qui fonctionne sans internet. Elle offre l’assurance pour les déclarants d’avoir un extrait en moins de 2O minutes.

Sophie Léonard, Représentante adjointe de l’Unicef au Tchad, a rappelé que selon les résultats de l’enquête MICS-6 2019, près de trois quarts des enfants de moins de cinq ans ne sont pas enregistrés à l’état civil au Tchad, soit deux millions six cent mille enfants.

La même enquête montre de grandes disparités entre les provinces, entre les populations rurales et urbaines, et aussi en fonction du niveau de vie des familles.

Le faible taux d’enregistrement des naissances résulte d’une combinaison de difficultés, qui portent à la fois sur la qualité de l’offre des services et sur la faible demande des services d’état civil par la population.

« Notre soutien à cette opération est la manifestation de notre volonté de voir tous les enfants Tchadiens, filles et garçons, disposer pleinement de leurs droits, notamment le droit à avoir une identité qui permet ensuite d’ouvrir les droits à l’éducation, aux soins de santé et à la protection contre toutes formes de violence, d’abus et d’exploitation ».

Du préscolaire au cours moyen

Selon elle, le dernier annuaire statistique scolaire 2021/2022 a dénombré près de 640 000 élèves du préscolaire au cours moyen qui n’ont jamais été enregistrés à l’état civil dont plus de 38 000 pour la seule ville de N’Djamena.

La Représentante adjointe de l’Unicef au Tchad, a profité de cette tribune pour solliciter de leur partenaire I’Anats d’accélérer la délivrance effective de ces actes, car ils devront répondre aux attentes des parents qui sont en attente de ces documents depuis plus de cinq mois.

La représentante du ministre de la Santé, Dr Toralta Joséphine, a souligné que l’enregistrement des faits d’état civil, notamment les naissances, est un acte fondamental pour la vie des individus dans un pays. L’enregistrement officiel des naissances, décès, mariages, divorces et adoptions permet à chaque personne de faire reconnaitre son identité juridique, ses liens de famille, sa nationalité et les droits y afférents. Pour les pays, dit-elle, la disponibilité de ces données permet de faire une meilleure planification des actions de développement, mais aussi d’améliorer la bonne gouvernance.

« Malheureusement, la situation est peu reluisante dans notre pays. En effet, le Tchad est l’un des pays au monde qui a le taux d’enregistrement des naissances le plus bas. Selon les résultats de l’enquête l’EDS-MICS 2014-2015, 22% des enfants de moins de cinq ne sont pas enregistrés à l’état civil au Tchad. Cette situation cache des disparités liées aux régions, milieux de vie et au niveau économique des populations » , déplore-t-elle.

Elle a relevé que l’enregistrement systématique des naissances à l’état civil est freiné par des facteurs de divers ordres, notamment le faible recours des populations aux formations sanitaires, l’ignorance des dispositions légales relatives à la déclaration des naissances à l’état civil ainsi que l’éloignement des services d’état civil.

La digitalisation

La solution de digitalisation de l’enregistrement à l’état civil Tasdjil a été développée par Technidev, pour l’Agence Nationale des Titres Sécurisés, avec l’appui de l’Unicef. En août 2022, le premier bureau d’état civil basé sur la solution Tasdjil était inauguré à l’hôpital Notre Dame des Apôtres de N’Djamena. A ce jour, six (6) hôpitaux de la capitale et 12 hôpitaux provinciaux et hôpitaux de district confondus, sont dotés de bureaux d’état civil Tasdjil dénommés Guichets Uniques d’Enregistrement des naissances.

Le Directeur Général de l’Anats, Mahamat Oumar Kessou, de déclarer que le droit à une existence légale est le premier droit de tout être humain. Cette existence légale déclenche le droit à la santé, à l’éducation, à la protection contre les abus et l’exploitation. Le droit à une identité légale est concrètement incarné par l’acte de naissance, qui établit le nom et la filiation de l’enfant, dit-il.

Au Tchad, selon les résultats de la MICS-6 2019, 74% des enfants de moins de cinq ans ne sont pas enregistrés à l’état civil. Comparée à 2014, la situation de l’enregistrement des naissances s’est nettement améliorée, car le taux était de 88% en 2014 (MICS -5, 2014).

Celte relative amélioration est due aux actions déployées par le Gouvernement de la République du Tchad et ses partenaires en vue d’atteindre l’enregistrement universel des naissances d’ici à 2030, dans le cadre de l’accélération de l’atteinte de l’ODD 16.9. Pour ce faire, l’une des stratégies clés est de mettre en œuvre un système d’interopérabilité entre le système de santé et les centres d’état civil pour l’enregistrement des naissances dans les délais légaux.

À ce mécanisme manuel, le gouvernement a aussi bien voulu adjoindre un système de digitalisation de l’enregistrement des naissances par le personnel de santé pour les enfants qui naissent à la maternité ou qui viennent à la vaccination. Ce nouveau mécanisme intervient après la validation de la feuille de route en vue de l’accélération de l’enregistrement universel des naissances au Tchad d’ici à 2030.

Délivrance des actes de naissance dans les 20 minutes

Mahamat Oumar Kessou, de préciser que la phase pilote de l’enregistrement à travers une solution technologique qui est lancée permet de délivrer des actes de naissance dans les 20 minutes au sein des bureaux d’état civil dans les hôpitaux incluant le numéro national d’identification (NNI).

Le directeur général l’Anats, rassure que le système ‘’Tasdjil’’ est déjà opérationnel à N’Djamena dans six hôpitaux depuis 2022 dont un Septième sera ouvert à Farcha et 32 hôpitaux provinciaux et districts sanitaires et 21 autres seront ouverts d’ici la fin de l’année en vue de l’accélération de l’enregistrement universel des naissances au Tchad d’ici 2030.