N’DJAMENA, 1er mai (Xinhua) — Le Tchad est un acteur incontournable de la grave crise sociopolitique qui se déroule depuis plusieurs mois en République Centrafricaine (RCA), a déclaré à Xinhua, jeudi à N’Djaména, capitale tchadienne, M. Hervé Ladsous, secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix.
“Avant de nous rendre à Bangui, j’ai voulu faire une tournée des principales capitales de la région. C’est normal que je passe par N’Djaména pour écouter, prendre les conseils du président de la République et parler de cette tâche qu’il va falloir mener à bien pour aider la Centrafrique à sortir de cette crise terrible”, a ajouté M. Ladsous qui s’exprimait ainsi à l’issue d’une audience de trois quarts d’heure que lui a accordée jeudi le président tchadien, Idriss Déby Itno.
M. Ladsous, qui était accompagné du général Lamine Gueye, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en République Centrafricaine, a indiqué comprendre la décision souveraine du Tchad, prise le 3 avril 2014, de retirer son contingent de la Mission internationale de stabilisation en République Centrafricaine sous conduite africaine (MISCA).
Mais pour lui, “la contribution du Tchad pour la paix définitive en RCA reste plus que déterminante”.
“Je crois que la question maintenant, c’est de regarder vers l’avenir, de voir que la République du Tchad est un acteur incontournable dans toutes ces affaires qui concernent la région au titre de la présidence de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, Ndlr), au titre aussi de pays riverain avec un vrai rôle à jouer, un rôle qui est d’abord politique pour essayer de fédérer tous les efforts des acteurs centrafricains et de la communauté internationale pour trouver ensemble de bonnes solutions”, a conclu le haut responsable onusien.
Début avril, le contingent tchadien, composés de 850 hommes, a quitté la Centrafrique où il a enregistré dans ses rangs quinze morts et trente-sept blessés.
Déployés début 2013, dans le cadre de la MISCA, les soldats tchadiens ont été cependant au coeur de nombreuses controverses. Ils ont été régulièrement accusés, notamment par les milices chrétiennes anti-Balaka, de soutenir les ex-Séléka, la coalition rebelle ayant chassé le président Bozizé du pouvoir en février 2013. Le déclenchement des exactions en début décembre 2013 entre les deux factions centrafricaines, a causé des déplacements massifs de population.
L’intensité des violences et des combats, ainsi que le ciblage des ressortissants tchadiens (estimés par le gouvernement tchadien à plus de 300.000 Tchadiens en Centrafrique avant les événements), a atteint une telle dimension que les autorités tchadiennes ont lancé, fin décembre 2013, un pont aérien et envoyé des convois de véhicules de l’armée pour évacuer leurs nationaux en Centrafrique.
A ce jour, ils sont plus de 95.000 Tchadiens, Centrafricains et citoyens d’autres pays d’Afrique, à être acheminés dans la capitale et au sud du Tchad, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM).