Un tour dans la ville de N’Djamena suffit de remarquer le grand intérêt que les N’Djamenois accordent aux criquets frits. Ces insectes très riches en protéine sont vendus çà et là par des femmes tchadiennes en ce mois de septembre.

Chaque année, vers la fin de la saison de pluie, les Tchadiens et surtout les N’Djamenois, se prêtent à ce rituel de consommation quantitative des criquets. Des femmes installées aux abords des rues et dans les débits de boissons offrent cet aliment aux consommateurs. Il y en a pour tous les prix; 250 francs, 500 francs, etc.

Business et emploi

Les vendeuses, quant à elles, font plutôt de bonnes affaires dans tous les coins de la ville. L’une d’entre elles, installée devant le Lycée technique commercial, confie que la vente des criquets est son gagne-pain quotidien depuis des années. Ça lui permet d’embaucher même quelques femmes sans emploi.

Question de goût

L’un des consommateurs interrogés affirme que les criquets le plaisent juste comme ça. Il ne sait même pas pourquoi il aime trop ça. Tout de même, il constate que les criquets le facilite souvent la digestion. Au sein de la radio Fm Liberté par exemple, certains employés mangent les criquets avec du pain. C’est peut-être une simple question de goût chez les consommateurs mais les criquets cachent des valeurs nutritives que nombreux ignorent.

Valeur nutritive

Le diététicien-nutritionniste spécialiste en diététique des pathologies cardiovasculaires, Dr Houroupou Mbambai Jacques détaille les valeurs nutritives du criquet. Selon lui, les criquets sont très riches en éléments nutritifs. Car, « pour 100g de criquets nous avons environ 50g de protéines,  8g de fibres, 13g de lipides, tous les acides gras essentiels et  des différentes vitamines et minéraux. »

Dr. Houroupou Mbambai Jacques raconte aussi que la consommation  des criquets remonte au temps jadis car nos aïeux  étaient déjà des entomophages (les êtres humains qui consomment des insectes). Dans le monde, plus de 2milliards de personnes dans 130 pays consomment les insectes et les Tchadiens ne sont pas du reste, relate-t-il. « La consommation du criquet vient se substituer à la viande déjà  fortement  consommée au Tchad. Comme la monotonie alimentaire n’est pas conseillée, les Tchadiens ont bien voulu créer  une alternative alimentaire », affirme-t-il.

Il ajoute qu’un groupe de chercheurs américains en juillet 2019 a  publié  son résultat d’étude dans le “Scientific Reports” pour parler de l’impact positif de la consommation  du criquet sur la santé intestinale. Selon ces chercheurs, les poudres de criquets améliorent la croissance des bactéries pro biotiques  dont la flore intestinale.

En guise de conseils, le diététicien-nutritionniste demande aux consommateurs de respecter les principes d’hygiène  lors de la préparation de ces criquets. Car le plus  souvent dit-il, on le  prépare  trop épicés et cela risque d’irriter la flore intestinale. Aussi la capture de ces criquets par des personnes mal intentionnées qui utilisent des pesticides, risquerait de créer un problème d’intoxication alimentaire chez les consommateurs. Il conclut en ces termes : « notre santé se trouve aussi dans nos assiettes donc prenons le temps de bien préparer les criquets avant de les consommer. »

MOÏSE Dabesne Léon, stagiaire.