Doctorant en Sciences de l’Education, Mbaihaintolel Martial exerce comme vendeur de cigarettes et conducteur de moto taxi pour joindre les deux bouts. Parcours.  

Qui s’attendait à voir un doctorant en deuxième année de thèse en Sciences de l’Education se retrouver en train de vendre des cigarettes et d’autres articles pour sa prise en charge. Si Mbaihaintolel Martial en est un, il est bien rare de voir des personnes avec un certain niveau d’études exercer des métiers considérés comme réservés à la basse classe.

Parcours académique

Après l’obtention de son baccalauréat série A4 à Moundou en 2014 et la Licence en Psychosociologie de l’éducation en 2018 à l’Université de N’Djamena, Martial s’est envolé au Cameroun, où il s’inscrivit à la Faculté des Sciences de l’Education de l’université de Yaoundé I. De là, il sortit nanti d’un Master en Intervention, Orientation et Éducation extrascolaires, spécialisé en Écologie humaine. La même année, il prit une inscription en thèse à l’école doctorale de l’université de Yaoundé I où il finit une année de séminaire. A la fin de cette formation, Martial décide de rentrer pour se chercher un emploi. Mais ses tentatives de faire de la vacation dans les instituts et universités de N’Djamena sont vaines.

Des activités génératrices de revenus

Pour joindre les deux bouts et trouver de quoi payer sa scolarité, Martial se lance dans le métier le plus exercé par les jeunes diplômés en quête d’emploi : le mototaxi. A côté, il détient aussi une caisse où il vend des cigarettes et autres petits articles. Ainsi, le doctorant est “clandoman” en journée et vendeur de cigarettes en soirée.

« A mes débuts, ce n’était pas du tout facile. Je suis devenu un  sujet de railleries pour certaines personnes et même ma famille qui me citait en mauvais exemple pour les jeunes qui sont encore sur les bancs de l’école », raconte-t-il.  Mais ces critiques négatives ne découragent guère Martial qui se dit déterminé à atteindre ses objectifs vaille que vaille.

« Tout ce qui est à mon sujet comme une plaisanterie moqueuse n’est qu’une toile d’araignée qui ne peut pas me décourager car je dois à tout prix réussir à mobiliser de l’argent pour me prendre en charge et payer ma scolarité.” Pour Martial, le commerce et les petites activités font partie de ses sources de revenus depuis le lycée. Il assure que le commerce restera comme une de ses activités, même s’il arrive à se trouver un emploi décent.

« Je suis diplômé, oui. Mais les circonstances  de la vie ne m’ont pas laissé indifférent à vendre et faire clando pour me prendre en charge. Ce que d’autres diplômés sans emploi doivent faire, c’est de se créer une activité génératrice de revenu que de croiser le bras et attendre la fonction publique », conseille-t-il.

Ndoumanan Ezechiel, stagiaire