Recrutés pour la journée ou pour des tâches ponctuelles dans des métiers d’ouvriers mais surtout de dockers, des jeunes et personnes âgées, prennent d’assaut chaque jour, à partir de 6 heures du matin, la devanture de l’agence de l’Office National pour la Sécurité Alimentaire (ONASA) de Chagoua, où sont entreposés des sacs de maïs, du riz, du sorgho et autres, destinés à lutter contre l’insécurité alimentaire dans le pays. Ces jeunes payés à la tâche dont le nombre va grandissant chaque matin, à cet endroit, espèrent tirer leur épingle du jeu avec ce travail de docker. Reportage.

Ils sont nombreux, jeunes comme personnes âgées à se pointer quotidiennement devant l’entrepôt de l’Office National pour la Sécurité Alimentaire (ONASA), au quartier Chagoua, dans le 7ème arrondissement, sur l’avenue Jacque Nadingar, longeant le fleuve Chari, à la recherche du travail. Ils sont des simples manœuvres, louant leurs forces de travail à la journée auprès des responsables de l’ONASA dans l’espoir de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.  

Chaque matin, autour de 5h30, je viens me pointer ici devant l’ONASA afin d’espérer avoir mon nom sur la liste de la présence pour me permettre de décharger le contenu des véhicules. Nous venons ici chaque matin mais ce n’est pas chaque jour qu’on est retenu pour ce travail journalier où descendre un sac est à 100 francs“, explique Jean Ngarmadji, travailleur journalier, sa présence devant l’ONASA tôt ce matin du mardi 31 janvier.

Grâce à ce travail, Jean Ngarmadji qui informe être le père d’une famille de 4 enfants, assure le besoin de sa famille dont trois de ses enfants vont à l’école. “Il faut avouer que le travail de journalier n’est pas facile car il faut sortir toujours très tôt de la maison pour rentrer tard. A l’ONASA ici par exemple, si je finis autour de midi et 14 heures, je dois encore scruter d’autres horizons afin de gagner encore plus d’argent car le besoin de la famille est grand”, poursuit-il. Et d’ajouter qu’à l’ONASA, s’il est retenu, il peut gagner entre 6 000 à 10 000 FCFA. “Ce qui n’est pas assez du fait que sur mes trois enfants qui sont à l’école l’une est dans une école privée et il y a des tranches à payer“, rassure Jean.

Comme Jean Ngarmadji, nombreux des dockers journaliers à l’ONASA indiquent faire ce travail depuis 3 à 6 ans dans cet endroit. “C’est un des grands entrepôts de la capitale et il y a toujours et chaque matin du travail ici mais c’est difficile d’être retenu chaque matin pour espérer ne pas rentrer les mains vides. Malheureusement qu’il arrive de rentrer les mains vides où l’on est obligé de faire un emprunt afin de trouver de quoi à mettre sous la dent avec ceux qui sont retenus et vice-versa”, raconte Abdoulaye, un habitué du coin.

Ces jeunes et personnes âgées qui se battent pour leur survie quotidienne, se sont accaparés cette citation chère à Confucius selon laquelle “il ne faut pas se soucier d’être sans emploi mais plutôt se soucier d’être digne d’un emploi“. Et tous estiment gagner leur vie dignement malgré ce travail précaire que de devenir agresseurs ou voleurs pour se retrouver un jour dans les quatre murs.

A l’exemple de ceux de l’ONASA, nombreux sont des jeunes exercent dans ce domaine (docker) notamment dans les marchés pour tirer leur épingle du jeu.