En marge de la semaine nationale de la femme tchadienne (Senafet), l’amicale des filles de la Jeunesse étudiante chrétienne a organisé, ce 10 mars, un échange sur « l’avenir du féminisme au Tchad ».

Que signifie être féministe aujourd’hui ? La conférencière et présidente de la Ligue tchadienne de droits de la femme (LTDF), Épiphanie Djonrang tente de répondre. « On peut définir différemment, mais pour moi c’est être un humain. C’est aussi une idéologie politique qui permet de pouvoir arrêter le patriarcat (ce système de domination de l’homme sur la femme) ». Sa compatriote, elle aussi militante des droits de femme et responsable des interventions sociales à la LTDF, Raïssa Madjibeye, ajoute que « C’est un ensemble de mouvements des personnes qui prône l’égalité entre l’homme et la femme.

Dans la salle au format rectangulaire, les filles et femmes issues du mouvement Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) suivent avec attention l’exposé. Épiphanie Djonrang s’est basée sur le quotidien des femmes tchadiennes et un peu sur la tradition pour expliquer le vocable de féministe. « Trop souvent, la femme tchadienne est stigmatisée, marginalisée et reléguée au second rang. Parce que nous vivons dans une société patriarcale où c’est l’homme qui a le pouvoir…dans nos ménages même l’éducation diffère. La fille n’a pas les mêmes privilèges que le garçon », critique-t-elle.

Continuant sur le même ton, la présidente de la LTDF a attaqué la société d’être trop marginal. « On apprend à la petite fille d’être une bonne épouse au foyer, mais on n’apprend pas au garçon d’être un homme modèle dans la société ». Pour cette militante des droit de la femme, cette pratique n’est pas normale. « C’est le même sang qui coule dans nos veines ». Elle touche aussi les domaines dont très peu de femme sont représentées. Même en politique, les autorités ont accordé 30% de quota aux femmes. Pourtant cela doit être 50% partout », lâche-t-elle.

Mobiles

Selon la présidente de la LTDF, ces pratiques sont présentes au Tchad parce que des femmes ont peur des préjugés, des us et coutumes. « C’est pourquoi dans les foyers on trouve des femmes frustrées, tristes ».

Sensibilisation

À l’issue du débat dont les échanges ont été fructueux, les conférencières ont appelé à des actions de sensibilisation. Elles doivent se faire dans les établissements scolaires, académiques, sur les réseaux sociaux y compris les espaces publics.

Dans la salle, l’épidémiologiste et spécialiste en qualité des aliments, Madina Hadjer est intervenue pour apporter sa contribution. « Nous c’est du côté sanitaire. N’oubliez pas que nous les femmes on est au four et au moulin. C’est pour cela qu’on essaie d’emmener les femmes à comprendre et surtout à prendre soin d’elles. Si on réclame nos droits, Il faut qu’on essaie de se distinguer à travers la détermination, la sagesse et l’abnégation ».