A Koumra, au cœur de la province du Mandoul, la vie quotidienne prend des airs de combat pour les habitants. Jeunes, femmes et vieux, sont tous engagés dans une bataille quotidienne pour prospérer malgré les défis économiques qui se dressent, notamment les défis liés au déplacement à cause du manque criard de l’essence et de l’énergie, à cause des coupures d’électricité.

Le commerce, poumon économique de la ville de Koumra, bat son plein, mais il n’est pas sans obstacles. L’électricité, telle une ressource capricieuse, impose son rythme, paralysant par moments les activités économiques. La Société nationale d’Électricité (SNE) se trouve au centre des critiques, ses interruptions régulières laissant les commerçants dans l’obscurité et l’incertitude. “L’électricité se distribue par secteur donc il y a des secteurs qui peuvent faire des semaines sans voir de la lumière électrique“, informe Djimrangué, un jeune débrouillard, détenteur de cabine téléphonique et de charge de téléphone.

Mais la SNE, ce n’est pas le seul nuage assombrissant le ciel économique de Koumra. La carence en carburant, en particulier l’essence, jette une ombre sur la mobilité des habitants. Les prix, déjà élevés, ont grimpé en flèche, passant de 600 francs CFA le litre à des sommets vertigineux de 1 500 voire 2 000 francs CFA. Une inflation qui frappe durement les bourses déjà serrées des habitants. Et Djimrangué de poursuivre : “depuis plus de trois semaines, ni électricité de la SNE ni carburant pour alimenter mon groupe électrogène afin de charger les téléphones et gagner un peu plus d’argent comme avant“.

Pourtant, au milieu de ces défis, la ténacité de la population se révèle. Les marchés animés par la détermination des commerçants continuent de fonctionner, malgré les coupures d’électricité. Des groupes de jeunes, conscients des enjeux, travaillent ensemble pour trouver des solutions locales, explorant des alternatives énergétiques et sensibilisant la communauté à la nécessité de la résilience. “La résilience, rien que la résilience. C’est le seul mot qui définit la population de Koumra. Et le mieux, que ceux qui ont les moyens investissent dans le solaire car on ne peut compter sur les autorités“, conseille Abakar Moussa, membre de l’association de défense des droits des consommateurs du Mandoul.

Il faut aussi noter que les femmes, souvent en première ligne du commerce local, font preuve d’une force inébranlable, vu le constat. Elles diversifient leurs activités, investissant dans des initiatives durables pour compenser les fluctuations du marché. “Malgré les problèmes de la province, les marchés hebdomadaires nous sauvent la vie et celle de nos enfants. Baisser les bras, c’est aller tout droit au mur“, se défend Jeannette Madjingaye, expliquant sa résilience.

Pour elle, l’appel à des solutions gouvernementales se fait de plus en plus fort en cette période de campagne référendaire et les habitants de Koumra espèrent que des investissements seront faits pour stabiliser l’approvisionnement en électricité et atténuer l’impact économique de la hausse des prix du carburant.

Alors que le soleil se couche sur Koumra, la ville ne s’endort jamais vraiment. Elle regorge de résilience, prête à relever les défis qui se dressent sur son chemin. Un témoignage vibrant de la détermination d’une communauté face à l’adversité, où l’énergie pour lutter et prospérer dépasse de loin le simple courant électrique.