Le plumpy, distribué gratuitement par les structures sanitaires aux femmes allaitantes pour lutter contre la malnutrition, est utilisé à des fins commerciales à N’Djamena malgré les notifications interdisant la vente.
Le plumpy appelé communément ‘’plimpilim’’ à N’Djamena, ou Aliment thérapeutique prêt à employer (ATPE) est un aliment qui contient du sucre, d’arachide, d’huile végétale et de poudre de lait écrémé très riche en lipide et en matière grasse. Cet aliment de valeur nutritionnelle est octroyé par le ministère de la santé publique et ses partenaires tels que l’OMS et d’autres, aux différents centres de santé, hôpitaux publics et privés.
Il est distribué gratuitement par ces structures sanitaires aux femmes allaitantes et aux enfants malnutris ou qui présentent des déficits de la malnutrition afin de combattre la malnutrition et les maladies liées à celle-là, qui reste encore l’une des causes de la mort enfantine au Tchad.
Le plumpy donne du poids aux enfants et leur épargne des maladies. Malheureusement au Tchad, cet aliment est utilisé à des fins commerciales. Il est revendu dans des marchés par certains individus. Du marché de Dembé, de Diguel et passant par le marché central, le constat est le même. Il fait l’objet d’une vente à vil prix, 150f le petit format, et 200f le grand format. Selon nos informations, la plupart des vendeurs sont des bénéficiaires (femmes allaitantes) de ce supplément nutritionnel. D’autres en font un objet de tontine.
Les causes de la vente de cet aliment sont liées au niveau d’instruction, le statut social et économique des bénéficiaires. Mais sa vente au marché laisse des conséquences psychologiques et humaines.
Selon le nutritionniste et responsable de volet nutrition de l’Agence du développement économique et social (ADES-UNHCR), Abdelhakim Hassan Borgou, ces femmes encourent des risques grandissants en vendant ce produit qui est destiné aux enfants selon leurs poids et qui présentent des déficits de malnutrition. « Un enfant qui a un poids faible doit prendre deux sachets par jour. Mais si la maman lui donne un sachet et revend les autres au marché, l’enfant ne sera jamais guéri complètement, il présentera une faible capacité de réflexion et va rechuter à chaque fois, ce qui à la longue pourra causer sa mort », déplore-t-il.
Le plumpy n’est pas le seul produit interdit de vente. Bien d’autres objets octroyés par l’Etat sont utilisés à d’autres fins, telles que les moustiquaires imprégnées distribuées dans les structures sanitaires. Ces moustiquaires sont distribuées pour lutter contre le paludisme, mais elles sont revendues dans les marchés.
Son usage aussi laisse à désirer. Pour les uns, ces moustiquaires servent à couvrir les arbres plantés dans les concessions ou tout autour. Pour d’autres, ils en font usage pour faire la pêche.
Si l’Etat à travers des ministères distribue gratuitement des produits pour le bien-être de la population, il doit aussi veiller à son bon usage. Egalement dans la mesure de ses pouvoirs, qu’il réprime le détournement à d’autres fins de ces produits.
Djimhodoum Serge, stagiaire.