Depuis des lustres, N’Djaménois et étrangers sans exception sont victimes d’agression au marché de Dembé, dans le 7ème arrondissement de la capitale. Malgré l’opération l’harmattan lancée par les forces de défense et de sécurité, le phénomène persiste et cette fois-ci, sous le regard impuissant de la Compagnie de Circulation Routière (BCR), stationnée sous l’échangeur.
Chaque jour, du matin au soir, le marché de Dembé est assiégé par des bandits de tous poils. Ces derniers volent et agressent les paisibles citoyens sous le regard impuissant de l’entourage et surtout des policiers de la Compagnie de Circulation Routière (BCR), stationnés sous l’échangeur dudit marché. La question que l’on se pose est pourquoi le phénomène perdure malgré l’opération de grande envergure dénommée l’harmattan lancée par la Police et la Gendarmerie nationales ? Mais surtout, qui sont ces bandits et d’où sortent-ils, étant donné qu’ils ont été appréhendés lors de cette opération ? Sinon, que font les forces de sécurité pour démanteler leur réseau si jamais ceux-ci se sont échappés des prisons ? Ce sont là les questions qui taraudent l’esprit des Tchadiens.
Pour dire clair, le marché de Dembé est devenu de ce fait un véritable coupe-gorge pour les N’Djaménois qui ont eu le malheur d’aller faire des emplettes dans ledit marché. Ces bandits, dit-on, viennent de différents quartiers de N’Djaména pour opérer dans ce marché. Pour eux, Dembé est à la fois un lieu d’opération et un gîte. Ce sont pour la plupart des jeunes en quête du gain facile qui sont devenus par la force des choses de grands voleurs et de cruels agresseurs.
“Quand ils opèrent, tous ceux qui tentent de leur résister se retrouvent parfois admis au pavillon des urgences. Le jour, ce sont les femmes qui sont leur cible préférée. Elles sont attaquées et dépouillées de leurs téléphones, leurs bijoux et leurs porte-monnaies”, témoigne Allarambaye, vendeur de produits cosmétiques au marché de Dembé. De nombreux autres témoignages comme celui d’Allarambaye sur les cas d’agression dans cet endroit sont légion. “La nuit, exception faite aux agents des forces de l’ordre, toute personne qui passe aux alentours de ce marché fait les frais de ces garçons qui agissent sans état d’âme. Malgré la présence des policiers et autres agents des forces de l’ordre au rond-point de Dembé, ces malfrats réussissent tant bien que mal leurs forfaits”, s’étonne le jeune vendeur de produit cosmétique.
Et la question que se posent les habitants est celle de savoir si les policiers au rond-point les nuits ne sont-ils pas informés des opérations de cette bande bien organisée, qui agit sans être inquiété. Sans avoir une réponse nécessaire, beaucoup de nos concitoyens estiment que certains agents ignorent leur mission première qui est la protection de la population. “Quand un citoyen vient se plaindre auprès d’eux en cas d’agression ou de vol, ils exigent souvent la contrepartie de leur intervention. C’est pourquoi la plupart des victimes ne s’empressent pas de venir se plaindre auprès d’eux”, confie un commerçant.
L’impuissance des forces de l’ordre face au grand banditisme à Dembé inquiète
Sous l’échangeur où même en pleine journée on vole et agresse, les agents de la Compagnie de la Circulation Routière sont plutôt occupés à guetter les motocyclistes qu’ils calculent bien avant de stopper pour d’éventuelles arnaques, laissant inaperçues les agressions. “Quant aux agents municipaux, plus rien n’attire leur attention à part les légumes étalés sur le trottoir et les tables des vendeuses de poisson. Ils s’érigent aussi en chasseurs de pousse-pousse et des contrevenants des sens interdits”, fait constater Komora, une vendeuse de poisson frais.
Et un jeune débrouillard au marché de Dembé de témoigner : “parfois ces gangsters font face aux policiers. Détenant une arme blanche ou avec de simples coups de poing, les agents des forces de l’ordre n’arrivent pas souvent à les maîtriser. Ceux qui prennent la poudre d’escampette après leur acte ne sont pas poursuivis à plus de 300 mètres. On dirait que ces agents n’ont pas reçu une quelconque formation”.
Même si les responsables de la sécurité nationale disent avoir démantelé le réseau de ces faiseurs de malheur plusieurs fois d’où dernièrement l’opération l’harmattan, les faits disent le contraire. Ils sont de mieux en mieux organisés ces derniers temps. Aussi, le constat est que les bandits arrêtés et conduits dans les commissariats, les brigades, reviennent là où ils ont été pris. “Nous avons démantelé le réseau de ces bandits plusieurs fois mais souvent il se reconstitue rapidement“, confie un policier au poste de police de Dembé. Il estime même que certains bandits ont la bénédiction de certains hommes en kaki qui trouvent leur compte dans le vol d’objets.
L’interrogation est jusqu’à quand la population continuera-t-elle à subir les actes odieux de ces gangs ? Il est du devoir du département de la sécurité nationale de chercher à extirper ce mal à la racine car, à côté de ce fléau gangrenant, la population est déjà suffisamment acculée par la cherté de vie et autres problèmes sociaux.