Au Tchad, le phénomène de l’automédication prend une proportion inquiétante. Cette pratique courante comporte beaucoup de risques selon Dr Kanabet Benoît.

Au Tchad, précisément à N’Djamena, la capitale tchadienne, il suffit juste d’avoir maux de tête, diarrhée , courbature … et le diagnostic est établi par les prophanes de la santé. Et l’on court vers les pharmacies ou encore chez les vendeurs des médicaments de la rue appelée communément « docteur tchoukou” se procurer automatiquement de médicaments sans avis médical. Ces pratiques ne sont pas sans risques.

La consultation coûte un peu cher à l’hôpital, il faut payer 2000 f pour faire le diagnostic et avoir le traitement. Je préfère acheter moi-même mes médicaments et lire les notices et les prendre tranquillement “, lâche Justin un habitué des officines.

Après une migraine toute la nuit, Eugénie rencontrée devant un kiosque de vente de médicaments à Dembé sait déjà ce qu’elle va faire. ” Je connais déjà ma maladie, c’est juste le début du paludisme, et je vais donc prendre 3 boîtes d’artemether et tout ira. Même avec mes enfants, j’ai l’habitude de faire ainsi en cas de maladies “, dit-elle toute rassurée.

À la question de savoir pourquoi elle ne se rend pas à l’hôpital pour une meilleure prise en charge, elle rétorque. ” Les médicaments coûtent très cher à la pharmacie des hôpitaux et il faut même d’abord faire la consultation qui coûte 2000 f CFA à 3 000 f CFA. Prenons l’exemple, une boîte artemether coûte 750 f CFA ici au marché et à l’hôpital, il faut d’abord débourser 1500 f pour en avoir “, justifie-t-elle.

Par contre Mbainassem Jule affirme pour sa part que c’est à défaut d’argent qu’il se livre à l’automédication. “Le plus souvent en cas de maladie, je me fais initialement consulter à l’hôpital avant d’acheter les médicaments. Quand je n’ai pas d’argent, je me rends chez les docteurs tchoukou “, explique Mbainassem Jule .

Pour Dr kanabet Benoît, médecin traitant, il faut d’abord connaître les pathologies avant de prendre un médicament. Selon lui, l’automédication a des graves conséquences sur l’organisme qui peuvent entraîner la mort. Ces répercussions sont entre autres : Interactions médicamenteuses, erreur de posologie, méconnaissance des effets secondaires, non prise en compte des éventuelles allergies.Il conseille à la population de prendre des médicaments sous la prescription d’un corps soignant.

L’utilisation des médicaments hors prescription médicale comporte des risques énormes. Pour lutter contre cette pratique, il faut une sensibilisation dans tous les secteurs pour éradiquer ce phénomène qui prend de l’ampleur “, conclut-t-il.