L’association “Mba Madji Leci” a organisé une rencontre d’échange et d’orientation avec les filles du lycée de Walia en prélude à la journée internationale de l’hygiène menstruelle.

Briser le tabou autour de la menstruation et sensibiliser sur l’importance d’une bonne hygiène menstruelle chez les femmes et en particulier les adolescentes à travers le monde, c’est l’objectif de la journée mondiale de l’hygiène menstruelle.

Cette rencontre a permis d’édifier les jeunes filles sur la question de menstruation, comment faire son hygiène menstruelle, comment se protéger pendant la période de menstruation. Mais ça a été aussi l’occasion pour conseiller les jeunes garçons sur les moqueries qui sont la cause d’abandon de classe par certaines filles, voire de suicide dans certains cas.

Pour la présidente de l’association Mba Madji Leci, Raïssa Madjibaye, ce moment fait partie de leur mission sur le droit à la santé sexuelle et productivité au Tchad. “Aborder ce sujet lié à la sexualité avec des spécialistes du domaine, c’est pour nous un privilège d’aider nos cadettes à être préparées et connaître le fonctionnement de leur corps“, dit-elle.

Dans le milieu scolaire, nombreux sont des établissements d’enseignement qui ne disposent pas des latrines salubres adaptées à la gestion de l’hygiène menstruelle. Il y manque aussi un programme lié à l’éducation sexuelle.

Pour l’enseignant Christophe Leyadji, la question de menstruation est un véritable handicap à l’évolution de la scolarité des jeunes filles au Tchad. “On devrait enseigner l’enfant sur la sexualité. Le Centre national de curricula (CNC) normalement doit veiller afin que ce programme existe. Aujourd’hui, rares sont les établissements qui font l’effort de parler de la sexualité aux élèves”, reconnait-il.

Il n’y a pas que les écoles. Même dans les familles, des parents  trouvent ce sujet tabou et n’en parlent pas avec leurs filles. Conséquence, celles-ci se retrouvent surprises pour la première fois et sont humiliées parfois dans les salles de classe. “Je n’ai jamais su que j’allais un jour saigner. Et quand c’était arrivé, mes camarades se sont moqués de moi ; je suis rentrée faire deux semaines à la maison. Je n’avais pas envie de revenir faire les cours”, relate Grâce, élève au lycée Félix Eboué avec tristesse.

C’est aussi le cas de Patricia, élève au lycée de Gassi qui se retrouve à la maison alors qu’elle devait être en salle de classe avec ses camarades. “Je suis actuellement à la maison parce que nos toilettes sont trop sales. Les garçons se soulagent partout, donc pour éviter d’être humiliée, je préfère rater cinq (5) jours de cours pour rester à la maison et reprendre après l’arrêt du saignement”, rapporte-t-elle.

Aimée Dolinassou