La perception de l’importance de la vaccination infantile a diminué à travers le monde pendant la pandémie de COVID-19, selon un rapport publié par l’Unicef ce jeudi 20 avril. Dans la plupart des pays étudiés, ce sont les jeunes et les femmes qui présentent une méfiance accrue.

Le rapport de l’UNICEF s’inquiète qu’en espace de trois ans, 67 millions d’enfants ont été privés d’un ou de plusieurs vaccins entre 2019 et 2021, avec pour conséquence des taux de couverture vaccinale en baisse dans 112 pays. Ainsi en 2022, le nombre total de cas de rougeole a plus que doublé par rapport à l’année précédente, tandis que le nombre d’enfants paralysés après avoir contracté la poliomyélite a augmenté de 16 % sur la même période.

Le rapport indique que, souvent, les enfants non vaccinés vivent dans des communautés difficiles d’accès (par exemple, en milieu rural ou dans des bidonvilles) et sont nés de mères qui n’ont pas pu aller à l’école et qui ont peu d’influence sur les décisions familiales. Ces problématiques sont d’autant plus présentes dans les pays à revenu faible et intermédiaire, où l’on recense environ 1 enfant zéro dose sur 10 en milieu urbain et 1 sur 6 en milieu rural. Dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, en revanche, l’écart est pratiquement nul entre ces deux milieux.

Selon le rapport, la pandémie de COVID-19 a également exacerbé les inégalités existantes. En effet, la vaccination reste indisponible, inaccessible ou inabordable pour beaucoup d’enfants, en particulier ceux issus des communautés les plus marginalisées – une population déjà difficile à atteindre avant la pandémie – dans un monde où les taux de vaccination stagnent depuis près de dix ans.

Parmi les 67 millions d’enfants qui n’ont pas reçu tous leurs vaccins de routine entre 2019 et 2021, 48 millions n’en ont reçu aucun – ce sont des enfants « zéro dose ». Si, fin 2021, l’Inde et le Nigéria (deux pays affichant une très forte natalité) recensaient la plus grande population d’enfants zéro dose, c’est au Myanmar et aux Philippines que leur nombre a le plus notablement augmenté.

Le rapport précise que les femmes, premières actrices de la vaccination, se heurtent à des obstacles tels que le faible niveau de salaire, l’emploi informel et le manque d’occasions de formation formelle et de perspectives d’avancement, quand leur sécurité n’est pas directement menacée.

L’Unicef, à travers ce rapport, interpelle les gouvernements à réinstaurer un climat de confiance, prioriser le financement des services de vaccination et investir en faveur des agences de santé et de l’innovation. “Nous savons trop bien que les maladies ne s’arrêtent pas aux frontières. La vaccination de routine et la robustesse des systèmes de santé sont nos meilleurs atouts pour éviter de futures pandémies (…) L’heure est venue de tirer parti des ressources restées à disposition à l’issue des campagnes de vaccination contre la COVID-19″, souligne la directrice générale de l’Unicef, Catherine Russell.