Par décret No 0002 de ce mercredi, 12 octobre 2022, Saleh Kebzabo, est nommé Premier ministre de transition. Retour sur le parcours de ce vieux routier de la politique tchadienne.

Après avoir été pendant longtemps l’adversaire le plus farouche d’Idriss Déby Itno, Saleh Kebzabo, 75 ans, devient le proche collaborateur de son fils, Mahamat Idriss Déby, au poste de Premier ministre. Une nomination qui n’est pas une grande surprise. En effet, il a été l’un des premiers opposants à décider d’accompagner la transition. Ainsi, deux membres de son parti sont entrés au gouvernement et lui désigné vice-président du comité d’organisation du dialogue. Il était de la délégation qui a négocié, pendant cinq mois, avec les politico-militaires pour aboutir à l’accord de Doha. Si au début, il indiquait clairement que la transition ne doit pas excéder 18 mois, le langage a radicalement changé. Kebzabo défend désormais avec véhémence la prolongation de la transition et l’éligibilité des dirigeants de la transition.

Né à Léré en 1947, Saleh Kebzabo, après des études primaires et secondaires au Cameroun a étudié le journalisme à Paris. Il a travaillé à l’Agence tchadienne de presse et d’édition (ATPE, il était même directeur), a collaboré à Jeune Afrique et Demain l’Afrique. Kebzabo lance en 1989 le journal N’Djamena Hebdo.

Puis l’homme abandonne la plume et embrasse la politique. Il fait partie de ceux qui ont fondé l’Union nationale pour le développement et le renouveau en 1992. Candidat à l’élection présidentielle, il arrive troisième avec 8,6 % des suffrages, derrière Idriss Déby et Wadal Abdelkader Kamougué. Il garde le même rang en 2001 (où il obtient 7 %), cette fois derrière Idriss et Ngarlejy Yorongar. Saleh Kebzabo, comme la plupart des opposants, boycotte les présidentielles de 2006 et 2011. Toutefois, son parti participe aux législatives de cette année-là et il devient le chef de file de l’opposition…jusqu’à avril 2019 où, ayant perdu quelques députés, la Cour suprême lui arrache ce titre au profit de Félix Romadoumngar de l’URD.

Le leader de l’UNDR arrive second à l’élection présidentielle de 2016, avec 12,80 % derrière Idriss Déby (61,56 %). Candidat aussi en 2021, il se retire finalement de la course en dénonçant une « militarisation évidente du climat politique », après l’intrusion des forces de sécurité au domicile de Yaya Dillo.

C’est donc ce septuagénaire qui est appelé à être aux côtés du jeune président Mahamat Idriss Déby pour la gestion de la transition en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.