Rimtola Aubin, Master en droit, est un jeune juriste de 29 ans, passionné des lois et contrats. Il sentait qu’il manquait quelque chose dans son travail quotidien de bureau après la rupture de son contrat. Après moult réflexions sur sa passion pour la nature et les animaux, a réalisé qu’il pouvait changer de carrière et travailler dans le domaine agricole. Ainsi naît l’idée de se faire former à Buea, au Cameroun, dans le domaine de production animale et végétale. Ce qui lui a permis de se lancer dans la pisciculture, cuniculiculture, porciculture, l’élevage des petits ruminants, culture maraîchère et des semences améliorées.

Après son diplôme de Master en droit public et ses compétences en gestion, suivi et évaluation, en logistique, Rimtola Aubin n’arrive pas à obtenir de l’emploi pouvant l’aider à joindre les deux bouts. Plusieurs stages dans les cabinets et plusieurs tentatives de recherche d’emploi après la fin de son contrat avec des organisations non gouvernementales ont été sans suite. A la maison, le jeune juriste, malgré son diplôme devient un poids pour les parents qui sont eux aussi fatigués de le supporter. “J’étais devenu un poids pour ma mère qui, chaque jour, me sermonne que j’emploie des gros mots pour rien et que je deviens un poids pour la famille donc il vaut mieux aller apprendre à travailler la terre. C’est à partir de là qu’elle m’a envoyé à Buea pour faire un BTS en production animale et végétale. Mais après une année, mon formateur, Philippin de nationalité a trouvé que mon background pouvait déjà me permettre d’entreprendre”, se remémore le jeune pisciculteur.

Rimtola Aubin, avant de regagner son pays natal pour commencer à entreprendre à trouver idéal de travailler d’abord dans les plantations au Cameroun afin d’acquérir encore plus d’expérience dans son nouveau domaine de travail. “Ce qui m’a amené à travailler dans les plantations d’ananas à Buea au Cameroun. Après, j’ai pris la décision de regagner le pays afin de me lancer personnellement dans ce domaine porteur”, informe Rimtola Aubin.

De retour au pays, la mère du jeune Rimtola Aubin décide que son fils se lance sérieusement dans le domaine de production animale et végétale en lui offrant une parcelle de terre pour débuter son business. Et Aubin de créer « Rimra Farm Tchad », une entreprise qui exerce dans le secteur de la production animale et végétale ainsi que la formation, la transformation et la vente des produits vétérinaires, agricoles et les matériels d’élevage. “Jusque-là, j’attends la délivrance de mes papiers par l’Agence Nationale des Importations et des Exportations (ANIE). Malgré que la procédure ait duré, je n’ai pas arrêté de travailler pour que mon ambition ne s’éteigne pas”, indique le jeune cuniculiculteur de 29 ans. “D’ici deux ans, j’ai le projet de rendre plus moderne ma ferme et faire en sorte qu’on n’est pas obligé d’acheter les tomates, les pommes de terre, les avocats, les ananas, poulets de chair du Cameroun ou d’ailleurs”, projette-t-il.

Les défis à relever par le jeune cuniculiculteur

Une autre grosse difficulté pour lui, et pour de nombreux autres jeunes entrepreneurs, dit-il, ce sont les taxes d’entrée des produits sur le territoire tchadien. “J’importe tout du Cameroun. Il y a trop de tracasseries et l’Etat doit s’impliquer, voire prendre la décision d’exonérer tout ce qui est du secteur agricole ou végétale car c’est un secteur porteur et qui nourrit les Tchadiens. Aujourd’hui, je fais aussi dans les semences mais c’est très difficile pour moi”, souhaite Rimtola Aubin.

Aujourd’hui, Rimtola Aubin se lève chaque matin pour se rendre à Kalam-Kalam, à quelque 40 km à la sortie sud de N’Djaména pour prendre soin de ses porcs, de ses lapins, poulets et autres petits ruminants. Après quoi, il se rend à Dourbali où se trouve la suite de “Rimra Farm Tchad” où il pratique l’aviculture et la pisciculture. “J’emploie 7 personnes à Kalam-Kalam qui sont des journaliers, un gardien qui est un permanent et un technicien, diplômé de l’école de l’agriculture de Ba-Illi. Aussi, une partie de la pisciculture se trouve à Doba, au sud du pays où j’ai des manœuvres puisque la pisciculture demande le changement de l’eau chaque 24 heures et de nourrir 4 à 5 fois les poissons selon leur grammage”, explique-t-il.

A Kalam-Kalam, Rimtola Aubin expérimente une nouvelle race de lapins dans les clapiers qu’il a importé depuis le Cameroun. L’expérimentation se fait par rapport au climat, à l’alimentation. “A Kalam-Kalam, je fais aussi la culture maraichère que je contrôle chaque jour pour éviter les attaques des fourmis et autres. Cependant, tous les jours, j’ai des clients aussi que je dois satisfaire et d’autres qui veulent un accompagnement dans l’agroalimentaire. J’ai été sollicité aussi par le Niger et la Guinée. Ces derniers sollicitent mon expertise à Niamey et Conakry comme je fais aussi dans la formation”, soutient Aubin tout épanoui. Il appelle les jeunes à aimer la terre, à entreprendre, d’être idéaliste et concret que de vouloir être coûte que coûte fonctionnaire du public.

Pour le jeune porciculteur, aujourd’hui, il vit mieux de son entreprise Rimra Farm Tchad que du diplôme de juriste qu’il a obtenu car dit-il, il est son propre patron, c’est lui qui donne des ordres et non le contraire comme au temps où il travaillait avec les organisations non gouvernementales. “Le domaine des fermes est meilleur aujourd’hui pour moi. Cependant, le droit me permet de discuter avec mes clients sur ce qui est des clauses des contrats d’où l’importance d’avoir un diplôme et de se lancer dans l’entrepreneuriat”, se réjouit Rimtola Aubin. De son diplôme de juriste avec son expérience avec les ONG, Rimtola Aubin a lancé une prise en charge gratuite des Violences Basées sur le Genre (VBG) dans les zones où sont installées les branches de Rimra Farm Tchad.

Voyant les difficultés que traversent les Tchadiens après leur retraite, Rimtola Aubin a lancé un programme gratuit d’accompagnement des retraités. “Ceux qui ont des terrains, qu’ils essaient de viabiliser en ayant une source d’énergie et de l’eau et je leur apporte un apport technique gratuit dans le domaine de production animale et végétale. C’est ma manière de contribuer pour aider nos parents retraités qui n’ont aucune activité après et qui souvent, meurent de stress”, indique le jeune cuniculiculteur.