Les parutions de la semaine restent dominer par les élections présidentielles au Nigéria.

« Alternance à Abuja, panique à N’Djaména». C’est le titre du tri mensuel Abba Garde. Dans sa livraison du 10 au 0 avril, le journal a choisi de publier une caricature du chef de l’Etat Déby Itno couché sur ses coudes dans son lit, à sa Une. «Chéri fais attention, GoodLuck a perdu les élections», lui dit une voix sortie d’une cuisine interne. Et Déby de répondre «Ha ha ha! Ne t’en fais pas. Chez moi il n’y aura pas de biométrie j’ai d’ailleurs tout prévu». Dans une trajectoire publiée à sa page 2, il souligne que la chute de GoodLuck Jonathan est une terrible sommation à Déby. Pour le journal, le climat politique créé par GoodLuck, la situation sociopolitique dans laquelle il a plongé les Nigérians ne sont pas différents de ceux du Tchad si l’on se réfère à la corruption, au chômage et à la gabegie. Tout cela risque de coûter cher au locataire du palais rose. Car, insiste le journal, il n’y a rien de plus catastrophique que la vengeance électorale d’un peuple vis-à-vis d’un pouvoir calamiteux.

«Buhari, Boko haram et nous!» Titre à sa Une N’Djaména Hebdo qui fait observer que Buhari c’est l’espoir d’un Nigéria qui rêve de vivre sans Boko Haram. Mais Buhari tempère le journal de Moursal, c’est aussi une mauvaise réputation aux frontières du Nigéria. Le journal a cité en exemple que Buhari alors chef d’Etat en 83 a expulsé de milliers des Nigériens pendant la famine qui a traversé l’Afrique de l’Ouest entre 1984-1985. Buhari a aussi chassé les troupes tchadiennes sans lesquelles il ne serait élu, des îles du Lac Tchad en 1983.

«L’alternance démocratique au Nigéria, une leçon pour les famille au pouvoir». Peut-on lire à la Une de l’hebdomadaire Le Citoyen. Le journal du CEFOD a choisi quant à lui de publier les photos des président Idriss Déby du Tchad, Teodoro Obiang de la Guinée Equatoriale, Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, Paul Bya du Cameroun et surtout celle du nouvel président du Nigéria Buhari. Pour le journal, le peuple nigérian vient de donner une belle leçon de citoyenneté agissante. Puis ajoute que les Etats africains qui ont réussi la transition démocratiques sont ceux de l’Afrique de l’Ouest. L’Afrique Centrale est de loin, le lieu des survivances dictatoriales avec une pointe particulière aux pays membres de la CBLT francophone dont le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad.

Les journaux ont également promené leurs regards dans la sphère sociopolitique interne avec des points de vue différents.

« Soupçon de détournement à la Cour des comptes». Titre à sa Une l’hebdomadaire La Voix. Pour le journal des sans voix, Oumar Abouna Mahamat, président de la Chambre budgétaire et financière de la Cour des comptes se serait mis en poche une somme de 10 millions de nos francs. Laquelle somme il aurait partagé avec les autres membres de ladite chambre, soit 500 mille francs chacun. Le concerné dit qu’il s’agit des fonds d’appui destinés aux conseillers qui y ont droit. « Je ne suis pas à 10 millions prêt», s’est-il défendu dans le journal.

« L’alliance Mps-Rdp-Viva/Rndp. Où en est-on?», s’interroge à la Une L’Union. Conclue de bonne foi en vue de la participation affective à une démocratie apaisée et à la gestion commune du pays, l’alliance entre le Mps et les deux géants de l’opposition semble unilatéralement rompu par le Mps il y a deux ans. Signée en 2010, cette alliance n’aura duré que le temps d’une élection. Déby a passé une éponge sur son alliance avec ses respectables aînés et principaux alliés Lol Mahamat Choua et Delwa Kassiré Coumakoye pour s’entourer d’autres partis politiques sans structure, ni militants. Mais pour N’Djaména Hebdo, la démocratie progresse au Tchad. Jusqu’à ce jour écrit-il, les Tchadiens avaient la nette impression que le système politique fonctionne à deux vitesses: une démocratie au sud et  un certain autoritarisme au nord. Le journal qui fait une petite comparaison des deux pôles du pays observe qu’il y a une relative liberté d’opinion au Sud. Or, au nord, Déby a instauré une véritable terreur. Pour survivre, chacun doit lui renouveler au quotidien sa totale allégeance. Son frère Timan Déby, jugé insoumis a été détrôné du sultanat. Malheureusement observe le journal de Moursal, les choses changent aujourd’hui. Un jeune Zaghawa a créé son parti politique et se positionne dans l’opposition de Déby. Certains, voire des milliers de Zaghawa et Kréda renoncent au Mps et intègrent les rangs de l’Undr. Avec cette fissure dans le bloc tribal du pouvoir observe le journal, un vent nouveau souffle sur la démocratie tchadienne.

« La CNPCIC asphyxie la population de Koudalwa», lance le tri mensuel Abba garde.  Le pétrole ne fait qu’apporter malheur aux Tchadiens. Les consortiums chargés de l’exploitation du pétrole de Koudalwa ne sont pas différents des négriers. L’exploitation du sous-sol de cette partie du Tchad a fait le lit à la misère. La famine y est très présente et les habitations ne sont que des taudis. L’eau est une denrée rare, le bidon de 20 litres coûte 100 francs cfa. La population est estimée à quelques 4000 âmes. A Koudalwa c’est aussi les salles de classe qui manquent. Pour illustrer l’article, le journal a choisi de publier un groupe de personnes réunies au tour d’un point d’eau et une salle de classe construite en paille complètement dégradée.

Le journal de Moursal a porté également son regard sur la condition de la femme tchadienne. A cet effet il titre à la page 7 « femme tchadienne, esclave d’aujourd’hui». Dans l’antiquité écrit Abba garde, le cassage des cailloux était une activité exercée par les esclaves, les prisonniers  de guerre, etc. aujourd’hui, elle est devenue le gagne pain des femmes de la capitale. Et le journal de s’interroger si le Tchad est un pays en voie de développement?