La tournée du président de transition, Mahamat Idriss Déby, au sud du pays et le toujours controversé processus menant à l’organisation du référendum constitutionnel sont au menu de votre revue de presse hebdomadaire.

Le sud meurtri accueille le président de transition

Le président de transition, Mahamat Idriss Déby, vient d’effectuer une tournée dans les sept provinces de la zone méridionale, une partie du pays meurtrie par des tueries, des incendies des maisons d’habitations et des enlèvements de bœufs d’attelage.

Justement, pour L’Observateur, « Après l’hécatombe, Kaka (le petit nom du chef de l’Etat, ndlr) doit trouver les mots qu’il faut ». Le journal qui ne croit pas un seul instant à la sincérité de la visite du président de transition. L’Obs pense en effet qu’il y va verser des larmes de « crocodile et battre par la même occasion campagne à coups de billets de banque ».

Abba Garde se demande aussi ce que vient faire le président dans ces provinces meurtries par des « tueries injustes menées sous la complicité agissante des forces de défense et de sécurité dont il est le chef » ou encore ce que changera sa visite dans le quotidien des populations « abandonnées » de ces provinces « mal vues par ses maîtres à penser de Paris ». Le journal conclut qu’en dehors de démontrer sa « mégalomanie » et d’augmenter sa dose d’« anesthésie aux amorphes » de ces provinces, Mahamat Kaka « n’a rien à leur apporter ».

L’éditorialiste de La Voix, quant à lui, s’en prend plutôt à « Ces sorcières élites politiques du sud ». Il écrit que comme des « âmes damnées », les populations de la partie méridionale du pays, dont les cœurs sont encore « meurtris » et les yeux « humides » de larmes suite aux massacres récents des leurs, perpétrés par des hommes « sans foi ni loi », sont contraintes, pour ne pas dire « dupées » par leurs frères, les élites politiques, venus massivement de N’Djamena, aux fins de sortir réserver un accueil « chaleureux » à Mahamat Idriss Déby. La Voix pensait que cette tournée au sud allait être une mission difficile, voire impossible, vu que le président de transition est sous les feux des critiques après les récentes tueries. Mais, constate l’hebdomadaire, « la cavalerie des sorciers politiques débarquée de N’Djamena, après avoir versé des larmes éhontées de crocodile sur les cadavres des leurs, a balisé le terrain pour que le prince vienne triomphalement se promener dans la cité, narguant les quelques mécontents désarmés et donnant du sourire aux bourreaux ».

« Le hold-up référendaire en marche »

Le gouvernement a adopté en conseil des ministres, le 02 juin 2023, le projet de la future Constitution qui passera ensuite devant le Conseil national de transition avant d’être soumis au référendum. Certains politiques, à l’exemple du RNDT-Le Réveil, ont déjà commencé à dénoncer ce projet de Constitution qui en prenant en compte la forme de l’Etat unitaire viole les conclusions du dialogue national qui a décidé que la forme de l’Etat soit soumis à un référendum.

« Le hold-up électoral en marche », pense aussi N’Djamena Hebdo. Le journal, en quatre étapes, démontre que tout est fait pour « imposer » la forme unitaire de l’Etat et permettre au président de la transition, Mahamat Idriss Déby de briguer la présidentielle post-transition. La première étape est l’adoption en moins d’une heure d’un tel projet par le gouvernement. Ce qui, selon Hebdo est une « formalité » dans la ligné de ce qui a été « ficelé » au dialogue national. « La deuxième étape a été de confier la rédaction du projet de Constitution à un groupe unicolore, composé d’acteurs majeurs du dialogue national qui ont défendu becs et ongles la forme unitaire de l’Etat ». En troisième lieu, poursuit le journal, ce projet passera « comme lettre à la poste » au Conseil national de transition, composé des « laudateurs » du chef de l’Etat. Dernièrement, Hebdo pense que le référendum sera une perte de temps et de moyens car les « dés ont été pipés » au dialogue national qui a tout fait pour que « la fédération soit écartée ».

La Voix ne dit guère autre chose en écrivant que l’organisation du référendum constitutionnel est « Une escroquerie politique cousue de fil blanc ». En effet, relève ce journal, les signes ne trompent pas. « Dissensions sur la composition de la CONOROC (Commission nationale chargée de l’organisation du référendum constitutionnel), incertitudes autour des kits de vérification, manque de financement, adoption controversée de l’avant-projet de la nouvelle Constitution par le Conseil des ministres ». Il en déduit que ce référendum qui devrait jeter les bases de la refondation tant « gazouillée par les autorités de transition a une forte chance d’aller droit dans le mur ».