REVUE DE PRESSE –  La décision de l’Union africaine de ne pas suspendre le Tchad malgré la prise du pouvoir par le Conseil militaire de transition après la mort brutale du président Idriss Déby Itno et l’échange épistolaire peu amical de deux figures de l’opposition, Saleh Kebzabo et Gali Ngothé Gatta sont les principaux sujets qui reviennent dans la presse tchadienne pour la semaine du 17 au 23 mai 2021.

« Les Tchadiens sacrifiés »

Après avoir statué sur le rapport de la mission d’enquête envoyée au Tchad suite à la mort au combat du président Idriss Déby Itno et la prise du pouvoir par le Conseil militaire de transition, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a décidé de ne pas suspendre le Tchad comme il est de coutume selon les textes de l’institution mais de l’accompagner à travers certaines conditions.

Le Président en exercice de l’Union africaine, le chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi, cité par le Progrès du jeudi 20 mai, a déclaré en marge du sommet de Paris sur le financement des économies africaines que « Ce qui s’est passé au Tchad n’est pas un coup d’Etat » pour justifier la décision de l’UA. Pour lui, c’était l’assassinat d’un chef d’Etat suivi d’une « reprise en main musclée » du pays qui était dans une situation précaire.  

Mais pour N’Djamena Hebdo, « Les Tchadiens sont sacrifiés sur l’autel des intérêts égoïstes des puissances extérieures ». Car, se demande-t-il, « y a-t-il vraiment une particularité, une exception de la situation du Tchad en matière sécuritaire comme l’a claironné le président français Emmanuel Macron qui vient d’être rejoint par l’Union africaine ? ».

Le Pays complète en indiquant que c’est « Au nom de “l’estabilité” ». Le journal de Madjiasra Nako souligne qu’à N’Djamena comme à Addis Abeba (le siège de l’Union africaine) et dans les chancelleries occidentales, « stabilité » est le maître mot. « Quid du peuple tchadien, prisonnier d’un système prévaricateur depuis trente ans », s’interroge le Pays qui conclut toutefois : «Heureusement qu’il reste encore des patriotes qui se battent et se battront contre le prolongement du supplice ».

« Une exception qui fera tâche d’huile », prévient de son côté le Visionnaire. Ce journal ne comprend pas « l’ire qu’avait subie la junte militaire du Mali de la part de l’UA » mais que les principes de l’UA souffrent d’exception et que cette institution s’offre « en spectacle en immolant la démocratie tchadienne sur l’autel maniable de la lutte contre les illuminés d’Abubakar Shekau ».

Le journal la Voix insiste sur « L’incroyable exception tchadienne ».   Il rappelle qu’à travers son Conseil paix et sécurité, l’instance panafricaine a décidé d’appliquer « une catharsis exceptionnelle au cas tchadien ». Ce qui, d’après la Voix, est un « Fâcheux précédent qui pourra bien mettre en difficulté l’organisation régionale ».

« Gali et Kebzabo s’attaquent dans les réseaux sociaux »

La parution du quotidien Le Progrès du mardi 20 mai informe que deux anciennes figures de la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC), puis du G24 (un regroupement de 24 partis politiques de l’opposition), députés Gali Ngothé Gatta et Saleh Kebzabo, se sont « attaqués, publiquement et vertement, dans leurs pages facebook ».

Le Visionnaire qui revient aussi sur cette affaire souligne que le député du Lac Iro a frontalement attaqué son collègue Saleh Kebzabo pour son choix « d’intégrer le gouvernement de transition et reconnaitre le Conseil militaire de transition ». « Gali, un homme qui connait Saleh comme la paume de sa main n’a pas été tendre avec lui », note le journal de Juda Allahondoum qui poursuit qu’ « En retour, Kebzabo publie un brulot contre Gali qui alimente le débat sur la toile ».

Le Progrès renchérit que Kebzabo, en répondant à Gali qu’il appelle « mon fils » (Kebzabo a employé l’expression latine : “Tu quoque fili ?” qui signifie “Toi aussi mon fils ?” Une expression qui enflamme la toile), tout en rappelant les biens qu’il lui a faits, lui demande de laisser à d’autres cette « tâche immorale et dégradante » pour que puisse continuer à prospérer leur relation au soir de leurs vies.