La marche de la transition, le coup d’Etat en Guinée et les divisions au sein de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) sont les principaux sujets développés par la presse tchadienne pour la semaine du 6 au 12 septembre 2021.

Exigence d’un dialogue inclusif

Le dialogue national inclusif projeté par le Conseil militaire de transition (CMT) pour la fin de l’année se rapproche. La classe sociopolitique est toujours en ébullition au sujet de ce dialogue entre ceux qui entendent y participer et d’autres qui posent encore des conditions. Mais pour Abba Garde, « Le peuple est en fin représenté » dans le comité d’organisation avec la nomination de Dobian Assingar au titre de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH). En effet, pour ce journal, Dobian est un « vétéran » dont la popularité est « incontestable », il a « toujours été la voix du peuple ». Ce qui fait qu’à travers lui, « le peuple est très bien représenté dans le CODNI (comité d’organisation du dialogue nationale inclusif)». Mais L’Observateur ne comprend pas ce choix de Dobian connu pour « ses positions tranchées et radicales ». D’où, se demande-t-il,  si le CODNI est « Le gilet de sauvetage de Dobian Assingar ? ». Toutefois, le CMT ne dormira toujours pas tranquille car, relève L’Obs dans un autre article, la Coordination des actions citoyennes Wakit Tamma et le Groupe de réflexion et d’action pour l’appel du 1er juin (GRA-Appel) forment un « front uni pour réclamer la Conférence inclusive ». Toujours au sujet de ce dilaogue, Dr Succès Masra Succès, dans une interview accordée au journal Le Pays indique que le Tchad a en ce moment, « la dernière chance pour son unité, la dernière chance pour établir la démocratie et la dernière chance pour permettre  aux Tchadiens de choisir librement leurs dirigeants ». C’est pourquoi, invite-t-il, « il ne faut pas sélectionner les gens qui parlent le même langage ».

Alpha Condé en prend pour son grade

Les forces spéciales de l’armée guinéenne ont renversé le dimanche 5 septembre dernier le président Alpha Condé. Le Sahel du mardi 7 septembre déplore le fait que le phénomène de coups d’Etat aille crescendo au moment où « l’on parle de la démocratie en Afrique où le pouvoir doit se prendre par la voie des urnes ». Mais ce regain de coup d’Etat s’explique, selon Dr Succès dans son interview au journal Le Pays par le fait que « L’Union africaine s’est trompé », à travers la jurisprudence tchadienne, en qualifiant la prise du pouvoir du CMT « d’exception tchadienne ». Ce qui fait que selon lui, « L’Union africaine n’a aujourd’hui aucune crédibilité ». L’Observateur y voit quant à lui, « L’inévitable scénario » depuis le jour où Alpha Condé « s’est attribué un 3ème mandat ». D’où, titre l’éditorialiste de l’hebdomadaire Le Pays, « Méfiez-vous des opposants historiques ». Ce journal explique que le « vieux socialiste » de 83 ans dont 40 dans l’opposition n’a pas su résister au « péché » auquel est exposé tout être humain lorsqu’il a le pouvoir : le sentiment de se prendre pour Dieu. Ce qui l’a amené à modifier la Constitution pour faire un 3ème mandat. « Ce qui est arrivé à Alpha Condé conforte la réflexion selon laquelle, les plus intraitables dans la contestation ne seront pas les plus vertueux une fois au pouvoir », analyse-t-il. Ce qui s’est passé en Guinée est, de l’avis d’Abba Garde, une «Grande leçon pour Kaka ». Ce journal souligne que les « différents lobbys et groupes d’intérêts  qui ont perdu leurs repères » avec la disparition du père du président de transition, « cherchent à récupérer  le jeune Kaka à tout prix ». Pour Abba Garde, le président de la transition est face à un choix : les pressions du clan, du parti et des courtisans qui lui suggéreraient la mauvaise direction et la voix du peuple qui lui montre la bonne direction de l’histoire. Le journal de conclure que la chute d’Alpha Condé que ses amis qui l’ont incité au 3ème mandant ont vu devant « leur écran » devrait servir de leçon à Mahamat Kaka à tenir ses engagements et non à écouter les courtisans.

La LTDH menace de couler

Finissons cette revue de presse par la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) qui s’enfonce dans la crise. Alors que le Conseil d’orientation et de contrôle (COC) a suspendu le président Max Loalngar et désigné un intérimaire, des militants ont désapprouvé ce choix et exigé la tenue d’un congrès. Cependant, pour Abba Garde « Le président Max Loalngar est mis en minorité », car, justifie-t-il, ce sont 9 membres du COC présents sur 13 qui ont décidé de sa suspension. Mais ce n’est pas l’avis du journal Le Pays qui relève que « Les militants rejettent la décision du Coc ». Le Pays renseigne que ce sont 24 militants, « de personnalités bien connues dans la lutte pour la défense des droits de l’homme » qui, dans un communiqué de presse, ont rejeté la suspension de Max Loalngar parce que les raisons de sa suspension « ne sont pas suffisamment fondées sur les textes de l’organisation ». Ils encouragent le président « dans sa volonté de réforme » et lui demandent de convoquer dans un bref délai un congrès extraordinaire. N’Djamena Hebdo qui relève également que « La base soutient Max Loalngar » indique cependant que c’est l’organisation qui est « mise à rude épreuve ». L’Observateur tire aussi la sonnette d’alarme : « Attention au naufrage ». Car se demande-t-il, « Vu ces comportements qui mettent à mal la lutte commune,  que deviendra Wakit Tamma dans les jours à venir ?». Etant donné que Max Loalngar, un des protagonistes de cette affaire, est justement le porte-parole de cette plateforme qui s’oppose au pouvoir de transition.