La profanation de la paroisse Bienheureux Isidore Bakandja de Walia Goér et l’agression de son curé le 3 novembre par des militaires et les consultations en vue du dialogue national inclusif constituent les principaux sujets développés par la presse tchadienne au courant de la semaine du 8 au 14 novembre 2021.  

« L’Eglise catholique giflée »

Depuis une dizaine de jours, c’est le fait qui agite la société tchadienne, déclenchant moult réactions. Le 3 novembre 2021, des militaires à bord de trois véhicules ont profané la paroisse Bienheureux Isidore Bakandja de Walia Goré et agressé son curé, l’abbé Madou Simon-Pierre qui a voulu savoir le motif de leur présence.

Pour N’Djamena Hebdo, « L’Eglise catholique [est] giflée ». Pour cet hebdomadaire, les actes « barbares » commis par ceux qui sont censés protéger les citoyens et leurs biens, ont provoqué l’indignation de la communauté catholique du Tchad et de la plupart des Tchadiens.

Abba Garde quant à lui s’interroge sur le silence du gouvernement, du Conseil supérieur des affaires islamiques au Tchad (CSAI) et de l’Entente des églises et missions évangéliques au Tchad (EEMET). Pour le journal, ces religieux et le gouvernement ont montré, à travers leur silence face à cette « barbarie », « leur hypocrisie ». Car, il faut le relever, c’est plusieurs jours plus tard que l’EEMET a réagi par un point de presse et le gouvernement par son porte-parole, invité sur les plateaux de la télévision nationale et qu’aucune réaction du CSAI n’a été enregistrée.

Le Sahel du 10 novembre fait justement référence à la sortie de l’EEMET. « L’EEMET condamne l’attaque contre le prêtre Madou », titre-t-il. Selon l’EEMET, citée par ce quotidien, « cette violence, les injures envers le curé de la paroisse et la profanation de ce lieu de culte constituent une entorse à la consolidation de la paix et aux efforts fournis par les uns et les autres pour la cohabitation pacifique ».

Parlant de la paix et de la cohabitation, le 28 novembre de chaque, est célébrée une journée de prière. Journée à laquelle, l’Union des cadres chrétiens du Tchad, coordination du diocèse de N’Djamena, n’entend pas participer cette année à cause de ce qui s’est passé le 3 novembre. C’est à travers un communiqué relayé par Le Sahel du 11 novembre 2021.

Le branle-bas-de combat en vue du dialogue

En transition depuis la mort au combat du président Déby en avril 2021, le Tchad prévoit d’organiser un dialogue national inclusif entre novembre et décembre 2021. En prélude de ces assises, des consultations sont organisée à l’intérieur et l’extérieur du pays, aussi bien avec les forces vives qu’avec les politico-militaires. Ainsi, la ville de N’Djamena a organisé son pré-dialogue du 5 au 7 novembre dernier.

L’Observateur retient de ce pré-dialogue comme point saillant la recommandation de restaurer la Constitution de 1996.

 Le Progrès de son côté met l’accent sur « un pré-forum marqué par le “per diem” ». Car informe ce quotidien, ce pré-dialogue a été émaillé de plusieurs griefs dont celui qui a mis les participants hors d’eux est l’absence de frais de participation ou per diem. « Finalement, aucun participant n’a eu un seul kopeck, arguant que les participants étaient très nombreux et que l’argent ne suffisait pas pour payer tout le monde », tonne un participant dans les colonnes du Progrès du 10 novembre.

« Que de bisbilles dans le pré-dialogue », résume ainsi le Sahel du 8 novembre. En effet, relève-t-il, beaucoup de voix se sont élevées dans certaines provinces. Notamment pour dénoncer le choix des participants à ces assises qui seraient fait par affinité, clientélisme, népotisme, etc.

Pour N’Djamena Hebdo, ce n’est ni plus ni moins que de « La mascarade nationale inclusive ». Hebdo ne croit pas à la sincérité du dialogue à venir au vu des participants choisis, des sujets retenus et de la conduite cavalière des travaux lors pré-dialogues.

Abba Garde abonde dans le même sens en parlant d’ « Escroquerie programmée ». Le journal de Moussaye Avenir De La Tchiré estime que tous les ingrédients sont réunis pour dire que « l’organisation desdits pré-dialogues sent une escroquerie politique à plein nez ». Les griefs de ce journal sont entre autres le fait que « tous les présidiums provinciaux du pré-dialogue n’avaient que l’image du MPS », « les courants politiques de l’opposition et de la société civile hostile au Conseil militaire de transition étaient tenus en minorité », « les participants se sont focalisés sur les thématique soumises à leur appréciation sans avoir la possibilité de se prononcer sur les préalables élémentaires et les grandes orientations relatives aux débats à inscrire à l’ordre du jour du dialogue national inclusif », « tout s’est passé comme si le comité d’organisation du dialogue national inclusif jouit d’une certaine souveraineté et d’une primauté sur le regard du peuple », etc. Ce qui amène ce titre à conclure qu’il ne faut rien attendre de ce dialogue.