La nomination de l’ancien opposant Succès Masra au poste de Premier ministre et la promulgation de la nouvelle Constitution faisant basculer le Tchad dans la 5ème République sont les sujets au menu de votre revue de presse hebdomadaire.

Le tandem Mahamat Idriss Déby-Succès Masra dirige le Tchad

Les journaux tchadiens qui étaient en congé de fin d’années sont revenus dans les kiosques plus tôt que prévu. L’actualité l’a en effet commandé. Après la démission du Premier ministre Saleh Kebzabo le 29 décembre 2023, le président de transition a nommé le 1er janvier à sa place son ancien farouche opposant, Succès Masra. Une nomination largement commentée aussi bien dans l’opinion que par la presse notamment concernant sa marge de manœuvre et son rêve présidentiel.

« Est-ce un renoncement à la lutte de l’opposant- et son rêve de devenir président de la République ? », s’interroge L’Observateur. Car selon « certaines indiscrétions », développe le journal, l’arrivée de Masra à la tête du gouvernement fait suite à un « accord secret » passé entre le président de transition et le patron des Transformateurs. « Il doit conserver la primature jusqu’à l’organisation du scrutin courant 2024 qu’il doit coordonner, ce qui l’exclut d’office de la course à la magistrature suprême du Tchad. Mahamat Kaka sera alors élu président de la République et Succès Masra sera reconduit Premier ministre », croit savoir L’Obs.

Mais Le Visionnaire n’est visiblement pas du même avis. « Masra Succès ne vient pas à la primature comme un garçon de course. C’est un homme qui a sa stratégie de combat et qui sait dire NON quand il le faut. Il a toujours priorisé l’intérêt du peuple au détriment de ses intérêts personnels », défend le journal de Juda Allahondoum.

N’Djamena Hebdo, dont le titre de la Une est « Deux pilotes dans un avion », se demande si Masra se contentera d’être un (simple) copilote. En relevant que le président de transition et son Premier ministre ont tous les deux des ambitions présidentielles, l’hebdomadaire, qui fait le parallèle avec Idriss Déby et Fidel Moungar en 1993, souligne que « Si Mahamat “Kaka” et Masra, emprisonnés par leurs ambitions personnelles et leurs égos, tiennent à être tous deux commandants de bord, il est fort à craindre que des crises surgissent et que l’avion de la transition ne fonce tout droit vers un crash ».

Abba Garde abonde dans le même sens en parlant du « duo risqué ». Le journal qui voit la tournure politique actuelle au Tchad comme le déroulement d’un calendrier de la France, l’ancienne puissance colonisatrice. « L’accord de Kinshasa, conclu, à l’initiative de la France, voit ainsi l’une de ses clauses secrètes s’appliquer. C’est un grand point marqué par les “gourou” de la France-Afrique en ce moment précis où l’empire français au Sahel s’écroule comme un château de cartes. En imposant deux valets de son paternalisme à la tête du Tchad, pendant que le Sahel se trouve à un tournant aussi complexe, la France semble jouer son va-tout dans l’optique de contrôler les dernières ressources minières utiles pour sa survie », écrit Abba Garde.

Le Tchad bascule dans une autre République

L’actualité politique a tourné à plein régime ces dernières semaines. Si Succès Masra a été nommé Premier ministre le 1er janvier 2024, c’est suite à la démission de Saleh Kebzabo le 29 décembre 2023. Le leader de l’UNDR avait rendu son tablier le jour même où est promulgué la Constitution de la 5ème République. Cette Constitution a été adopté par référendum organisé les 16 et 17 décembre.

Et comme le rappelle Le Visionnaire, c’est avec 85,90% que le Oui a gagné, emportant ainsi la forme unitaire fortement décentralisé de l’Etat.

« La Ve République nous est née », proclame N’Djamena Hebdo. Ce titre écrit que cette Constitution adoptée « au forceps au cours d’un référendum aux résultats à controverses » crée de nouvelles institutions et fait renaître des anciennes institutions. Selon Hebdo, les Tchadiens « n’auront rien à gagner des institutions fortes de cette 5ème République ». Il assure qu’elles ont pour but de continuer à « consolider le pouvoir de Mahamat Idriss Déby ».