Les événements sanglants d’Abéché et de Sandana, la rencontre entre le président du Conseil militaire de transition et la coalition Wakit Tamma, l’audio de Timan Erdimi qui chercherait à renverser le pouvoir de transition sont les sujets au menu de votre revue de presse de la semaine.

« Terrorisme à Sandana »

En deux semaines, des événements sanglants ont eu lieu au Tchad. Le premier, les 23 et 24 janvier à Abéché où une manifestation contre l’intronisation annoncée du chef de canton Bani Halba a été réprimée par les forces de défense et de sécurité entrainant 14 morts selon le gouvernement, 21 d’après des sources locales. Le second c’est l’assassinat de 13 personnes à Sandana par des éleveurs en représailles à la mort d’un des leurs qui serait mort en réalité d’un accident de la voie publique. Deux événements, surtout celui de Sandana, qui ont suscité l’émoi et l’indignation.

Pour L’Observateur, « C’est l’horreur » mais aussi « Une folie meurtrière organisée » par des « psychopathes et hors-la-loi ». Car, insiste le journal, ce qui s’est passé n’est pas un différend opposant les agriculteurs aux éleveurs qui vivent dans cette contrée du Tchad.

N’Djamena Hebdo abonde dans le même sens et n’hésite pas à employer les mots « terrorisme à Sandana ». L’éditorialiste de cet hebdomadaire qui rappelle que dans ce même village de Sandana, une attaque d’éleveurs avait déjà causé une dizaine de morts en août 2019, estime que c’est « Un acte terroriste de trop ».

« Trop c’est trop », placarde à sa Une Le Pays avec l’image des femmes à moitié nues de Sandana lors du passage de la délégation gouvernementale et une autre des marcheurs gazés par la police le 15 février. Ce qui s’est passé à Sandana, relève le journal de Madjiasra Nako, n’est que la conséquence de « l’incurie et de l’injustice qui ont caractérisé la gestion du Tchad depuis plus de 30 ans ».

Le Visionnaire pense aussi que c’est « Le résultat de l’impunité ». Suite au massacre de Sandana, une commission d’enquête a été mise en place et des instructions ont été données aux services de sécurité d’arrêter les présumés auteurs et complices. « Que du bis repetita, avec son corollaire d’impunité », écrit ce journal, un brin dubitatif.

Pourtant, informe Le Progrès « 4 personnes arrêtées à Sandana, le principal auteur en fuite » (un chiffre qui est passé à 7 selon le gouverneur du Moyen-Chari). Le quotidien précise que le présumé auteur principal, un certain Garam, serait en fuite vers la frontière de la République centrafricaine.

Tous ces conflits et tueries amènent Le Sahel à s’interroger si « Le Tchad est-il assis sur un volcan ? » Le journal de Bololo constate que le vivre ensemble devient de plus en plus « compliqué ». Car, des communautés semblent divisées pour des problèmes qui, « normalement, doivent être résolus par le dialogue intercommunautaire et non par des conflits sanglants ». Une situation qui risque, de l’avis de ce quotidien, de « réveiller les vieux démons de la division si l’on ne prend pas garde ».

Le pouvoir de transition et Wakit Tamma se rapprochent

Quelques leaders de la coalition Wakit Tamma ont été reçus le 9 février dernier par le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby. Même si de grandes décisions ne sont pas sorties de cette audience, c’est un symbole important. Car Wakit Tamma est l’une des rares forces à encore s’opposer au Conseil militaire de transition et à la méthode de préparation du dialogue national.

« Wakhit Tamma et le Cmt se rapprochent », pointe N’Djamena Hebdo qui apprécie positivement cette audience. En effet, indique-t-il, comme pour le pré-dialogue des politico-militaires, celui d’avec Wakhit Tamma vient de commencer. « Vivement qu’il aboutisse à des meilleures solutions pour que le Tchad renaisse », espère Hebdo.

Le Visionnaire pense aussi que cette audience est un pas « Vers l’apaisement du front social ». Car, développe ce journal, malgré la « forte résistance » dont elle a fait montre, cette coalition a « mis la balle à terre ».

L’audio de Timan Erdimi qui fait grand bruit

Un audio qui circule sur la toile fait parler. Le président de l’Union des forces de la résistance (UFR), le mouvement rebelle de Timan Erdimi s’entretiendrait avec un conseiller du président centrafricain dans le but d’avoir recours au groupe russe Wagner dans le but de renverser les autorités de transition.

« Timan Erdimi plainifie-t-il de renverser le CMT ? », s’interroge Le Sahel du 17 février 2022. Pour lui, depuis quelques mois, le chef rebelle Timan Erdimi « n’a pas été clair sur sa participation au pré-dialogue des politico-militaires ». Le journal pense qu’avec ces derniers développements, « il est indéniable que Timan Erdimi ne participera pas au pré-dialogue mais également au dialogue national inclusif prévu le 10 mai ».

Le sujet a même fait l’objet d’un débat à la représentation nationale, informe Le Progrès. Suite à cette affaire, les conseillers nationaux se sont interrogés sur le sort des lois d’amnistie (dont Timan Erdimi est aussi bénéficiaire) ainsi que la tenue du dialogue national. Le ministre d’Etat chargé de la Réconciliation nationale et du Dialogue, Acheikh Ibn Oumar, cité par le quotidien, assure que rien ne peut empêcher la tenue du dialogue.