N’DJAMENA, 25 novembre (Xinhua) — La pénurie artificielle des hydrocarbures continue à paralyser le quotidien des Tchadiens depuis début octobre.

Les autorités du pays multiplient les sorties et les actions pour l’enrayer, mais rien n’y a changé, au grand dam des consommateurs.

Le carburant se fait toujours rare dans les stations-services des villes, y compris la capitale N’Djamena. Dans certaines essenceries, l’on a recouvert, depuis plusieurs semaines, les pompes de bâche, faute de carburant. Dans d’autres qui sont ravitaillées de temps à autre, il faut gérer de longues files d’ attente à longueur de journée.

Pour éviter d’attendre longtemps dans la station et parfois repartir bredouille, des consommateurs s’approvisionnent auprès des vendeurs à la sauvette.

“Nous restons jusque tard dans la nuit pour remplir nos bidons et les revendre le lendemain. Nous usons de nos relations pour obtenir les précieux liquides”, confie Adam Béchir, vendeur à la sauvette sur l’avenue Charles de Gaulle, la principale rue marchande de N’Djaména.

Au coin de la rue, les vendeurs anarchiques de N’Djamena proposent à la sauvette du super ou du gasoil presque au double du prix de vente homologué. Dans les principales villes de province, la hausse du prix du litre d’essence ou de gasoil a atteint des proportions inadmissibles. Conséquence: les tarifs des transports urbains et interurbains se sont envolés.

Le gouvernement tchadien a pris des mesures pour juguler cette pénurie des hydrocarbures, créée et entretenue, selon les autorités, par des commerçants véreux depuis plusieurs semaines déjà.

L’accès à la raffinerie de Djarmaya, à une soixantaine de kilomètres au nord de N’Djaména, la capitale du Tchad, a été accordé uniquement à la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT), seule habilitée à distribuer les hydrocarbures locaux.

Sur plus de 300 stations-services que compte N’Djaména, seules 54 ont été retenues pour assurer la distribution des carburants.

Les ventes en détail de carburants dans les rues de la capitale ont été à nouveau interdites.

Enfin, deux numéros verts ont été mis à la disposition des consommateurs pour dénoncer toute spéculation sur les prix des hydrocarbures.

Un agent de la police devait escorter chaque citerne qui sort de l’usine de Djarmaya jusqu’à la station-service; un autre pointé devant chaque essencerie pour assurer l’ordre parmi les motocyclistes et automobilistes.

Mais en dépit de toutes ces mesures, rien n’a changé. Ce qui a contraint le président Idriss Déby Itno à faire, la semaine dernière, une descente inopinée à la raffinerie de Djarmaya et dans certaines stations-services pour constater de visu l’ampleur de la crise.

Le président Déby Itno a dénoncé la gabegie et le clientélisme qui règne dans le secteur de la distribution des hydrocarbures: des centaines de citernes de gasoil et d’essence sont convoyés frauduleusement vers des pays voisins pendant que des Tchadiens en manquent.

Il a accordé la distribution au Conseil national des pétroliers tchadiens (CNPT), un groupe de distributeurs locaux, au grand dam de la SHT qui en avait le monopole.

“Je ne veux plus entendre parler de pénurie”, a martelé le président.

Tout en instruisant la raffinerie d’assurer la livraison des produits même pendant le week-end, le président Déby a annoncé que des citernes en provenance de pays étrangers viendront renforcer le ravitaillement dans la zone méridionale.

A la Société de raffinage de N’Djaména (SRN), l’on soutient toujours qu’il n’y a pas de pénurie de carburant à la source, c’ est-à-dire à la raffinerie.

“Nous assurons un approvisionnement régulier des produits jusque-là. Nous avons même doublé la livraison depuis cette crise, mais on ne comprend plus rien”, a déclaré Mme Haoua Daoussa Déby, directrice générale adjointe de la SRN.

La raffinerie a commencé une révision de l’unité de distillation et de l’unité de reformage catalytique de la raffinerie de Djarmaya, qui doit durer un mois et demi au moins.