DAKAR, 20 juillet (Xinhua) — L’ancien président tchadien, Hissène Habré dont le procès s’est ouvert lundi à Dakar, sera contraint par la force à comparaître mardi devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), selon les juges des CAE.
Les juges ont pris cette décision après avoir fait constater par huissier le refus de M. Habré de comparaître devant cette juridiction chargée de le juger, au nom de l’Union Africaine, pour crimes de guerre, tortures et crimes contre l’humanité.
Après l’ouverture du procès, l’ancien homme fort du Tchad a refusé de comparaître et l’audience a été suspendue et un huissier a été commis pour lui servir une sommation.
Dans sa réponse à cette sommation qu’il a refusé de signer, M. Habré qualifie les CAE de “Comités administratifs extraordinaires”, estimant que celles-ci “sont illégitimes et illégales”.
“Les juges qui y siègent ne sont pas des juges mais de simples fonctionnaires remplissant une mission commandée. J’ai été illégalement emprisonné à la suite d’un acte de kidnapping”, a affirmé M. Habré, dans le procès-verbal.
“Depuis lors, a-t-il poursuivi, j’ai été détenu illégalement. Je n’ai rien à répondre à aucune démarche de ce comité administratif dont l’existence et les accusations sont illégitimes”, a-t-il conclu.
Les Chambres africaines extraordinaires, siégeant au palais de justice de Dakar, sont présidées par le juge burkinabé, Gberdao Gustave Kam.
Avant l’ouverture officielle du procès, M.Habré, 73 ans, s’est présenté tout de blanc vêtu, la tête et une partie du visage couvertes d’un turban blanc, a dénoncé “une mascarade de procès”. Ses avocats ont boycotté l’audience.
Des partisans de l’ancien président tchadien qui manifestaient en sa faveur aux cris de “vive le Tchad”, ont été évacués de la salle d’audience sécurisée par un imposant service d’ordre.
A l’ouverture du procès, le procureur général près les Chambres africaines extraordinaires, Mbacké Fall, a invité Hissène Habré “à briser le silence pour répondre devant l’histoire et les juges”.
Ce procès considéré comme historique parce que pour la première fois un ancien chef d’Etat africain est jugé en Afrique dans un pays africain, le Sénégal, au nom de la compétence universelle.
Hissène Habré, au pouvoir entre 1982 et 1990, est en détention à Dakar où il vivait en exil depuis sa chute. Selon l’accusation, la répression sous son régime a fait quelque 40.000 morts.