Pour la dignité, la paix et la justice au Tchad, Ndad-Nouba Ingrid Yambaye, s’est retrouvée dans la rue pour une marche pacifique. Mais, la manifestation tourne mal; Ndad-Nouba perd son œil gauche. Portrait de cette jeune fille combative devenue une victime célèbre de la violence policière.

Son image a fait le tour des réseaux sociaux, partagée de centaines de fois. Habillée en noir, couchée sur un lit d’hôpital, sparadrap sur l’œil gauche, Ndad-Nouba Ingrid est présentée par les internautes comme une victime de la violence policière. En quelques heures, Ingrid est devenue une victime célèbre de la marche pour la dignité et la justice.

Titulaire d’une licence en transport, transit et logistique obtenu en 2021 à l’université Hec-Tchad, Ndad-Nouba Ingrid a 25 ans et est une mère célibataire d’une fille. Elle a choisi de faire la logistique parce qu’elle estime que ce domaine est promoteur de nos jours. Elle a le sens de la créativité et de l’innovation.

Née d’une famille polygamique de six (6) enfants, Ndad (diminutif utilisé par ses proches) est la fille aînée de sa mère. Ingrid n’a pas baissé la garde dans ses études. De Sarh où elle a obtenu son bac en 2016 au lycée Charles Lwanga, elle a postulé pour le concours de la formation à la Chambre de commerce la même année où elle est admise. Elle a suivi deux ans de formation professionnelle sanctionnées d’un BTS en transport, transit et logistique en 2018. Elle a continué ensuite à l’université Hec-Tchad pour la licence.

Après avoir enfanté et séparée de son conjoint, la jeune dame a commencé à affronter seule les difficultés de la vie avec confiance. Combative, Ndad bosse dur pour s’occuper de sa mère et sa fille. Son rêve, travailler dans son propre entreprise.

En attendant, elle travaillait comme superviseur des produits double MB de la téléphonie mobile Airtel. Cette activité a pris fin il y a de cela trois semaines et Ndad est actuellement sans emploi.

Ndad est une fane de la lecture et de la musique religieuse. La lecture parce qu’elle est curieuse de découvrir le monde dans sa profondeur et la musique parce qu’elle aime les louanges du Seigneur. Elle est une choriste dans son église. Branchée, Ndad se met au parfum de l’actualité (radio, presse écrite, télévision et l’Internet). C’est via la presse qu’elle apprend le massacre des villageois de Sandana par Koumogo dans le Moyen-Chari.

Pour la paix et la justice dans son pays, Ndad-Nouba s’est mise debout pour dire non aux violences et aux traitements inhumains particulièrement les pertes en vies humaines. C’est ainsi qu’elle est sortie ce jour, 15 février pour marcher avec les ressortissants du Grand Moyen-Chari pour réclamer justice pour les victimes des tueries de Sandana et d’Abeché. Lors de cette marche, la jeune dame a malheureusement perdu son œil gauche. Elle a reçu une douille de gaz lacrymogène. Pourtant c’est pour la toute première fois pour cette jeune dame sort pour une marche.

Malgré tout la victime de la répression policière affirme que ses ambitions ne s’arrêteront pas là, ni sa lutte pour la liberté du Tchad. “Je suis une fille très ambitieuse et battante, ce qui vient de se passer ne va pas me décourager. Si j’arrive à retrouver la santé, la lutte ne va pas s’arrêter, je payerai de ma vie s’il le faut. La jeunesse est le flambeau, on doit être soudé et solidaire pour continuer la lutte, ça va changer un jour et on doit aller jusqu’au bout“, confie-t-elle à notre micro. Pour le moment, Ndad suit toujours le traitement. Libérée de l’hôpital, mais elle y repart selon le planning pour le pansement de sa plaie.