Fatimé Zara Haroun, une passionnée comme jamais de la langue et la défense des droits des femmes. Elle a su faire de son passé peu reluisant une véritable force. Sa vie nous apprend forcément quelque chose.

Elle n’a pas attendu la maturité pour commencer. La jeune femme ne s’est pas non plus laissée décourager par son petit corps pour affronter les tempêtes. Née en 2000 ‘’seulement’’ comme les Tchadiens aiment à le dire, Fatimé Zara cumule aujourd’hui une expérience aussi riche qu’inspirante.

Ses ennuis commencent lorsque son père décède alos qu’elle n’avait que l’âge de 3 ans. Sa vie et celle de ses 5 frères basculent. Les oncles obligent la maman à se marier avec le petit frère de son père conformément à la tradition. La mère rejette catégoriquement cette manière de faire. Les enfants sont donc exclus de l’héritage. « Ma mère s’est retrouvée seule à nous élever », raconte-t-elle.

Très petite, elle se souvient encore comme si c’était hier lorsqu’elle aidait sa maman à vendre les patates pour subvenir aux besoins de la famille. Entre temps, les oncles ne lâchent pas. « Ils continuent à harceler sexuellement ma maman devant nous et moi-même j’ai subi plusieurs harcèlements dès mon jeune âge », confie-t-elle.

Fatimé Zara grandi avec des séquelles. Jusqu’aujourd’hui, elle n’a oublié aucune séquence de son enfance.

Malgré les vicissitudes de la vie, la mère veille sur l’éducation de ses enfants. Dès le collège, elle découvre les associations et s’y engage. De Felix-Eboué à l’université de N’Djamena, Fatimé Zara se frotte aux réalités des clubs des jeunes.

Membre de club 100% jeunes, elle participe activement à la campagne de sensibilisation pour la lutte contre le sida. Elle prend goût et crée avant même son entrée à l’université, une association dénommée ‘’Parlement des jeunes filles leaders du Tchad’’ pour défendre les causes des filles qui subissent les violences basées sur le genre. « Les associations m’ont ouvert les portes et surtout m’ont permis de me découvrir. Je veux aussi aider les autres filles à se découvrir ».

En juillet dernier son association initie une formation avec l’appui du fonds national pour le patrimoine de l’Unesco à l’intention de 15 femmes dans le domaine de la peinture. Ce projet dénommé ‘’mara gadré’’ qui signifie femme capable en français permet selon elle aux femmes de s’exprimer à travers l’art.

Son amour pour la culture et les langues l’amène à opter pour les lettres et les études chinoises à l’université où d’ailleurs elle obtient une licence en langue chinoise. Outre le mandarin, Fatime Zara parle couramment le français, l’anglais, le turc et l’arabe. « J’aimerais devenir diplomate ou travailler dans les humanitaires pour défendre les causes des jeunes filles » ambitionne-t-elle.

Grâce à son engagement pour la défense des droits des femmes et le fait d’être polyglotte, la jeune femme est membre de plusieurs associations et collabore avec certaines intuitions des Nations Unies et chancelleries.

Fortifié par son vécu, Fatimé Zara, partout où elle passe, elle pèse de tout son poids pour que la voix de la jeunesse et des filles soit entendue. « Même si je ne peux pas changer quelqu’un ou la société, il faudrait que je sois une raison de changement d’une personne ou d’une société », dit-elle avec conviction.