Melom cynthia, jeune orpheline tchadienne, est l’unique fille qui vit parmi plus de 50 garçons dans le centre d’accueil Dakouna espoir. Pétrie de talent pour la danse et pleine d’énergie, cette fille nous raconte son vécu.

Agée de 18 ans, Melom Cynthia arbore toujours un sourire radieux qui illumine son visage juvénile. Combative et entreprenante, la jeune femme a traversé des multiples épreuves dans sa vie. Depuis le décès de sa maman venue dans la cité capitale pour ‘’se chercher’’, la jeune fille se retrouve orpheline. Ne connaissant personne dans la ville, elle a dû longtemps trimer avant d’être récupérée par son oncle.

Malheureusement, son calvaire ne faisait que commencer. Sa tutrice, la femme de son oncle, la maltraitait à l’absence de ce dernier parti au Nigeria. ”C’est à l’insu de mon oncle que sa femme me maltraitait. Elle m’a même poignardée. C’est après cet incident que j’ai regagné la rue”, confie-t-elle.

« Pour oublier ces moments de souffrance, je dansais dans les rues, devant les bars et restaurants pour avoir de quoi manger. C’est ainsi que Aleva m’a récupérée et ramenée dans son centre d’accueil où je suis la seule fille parmi la cinquantaine de garçons », raconte-t-elle, avant de se consoler en ces termes : « Ici, je me sens mieux en sécurité que chez mon oncle, bien que je suis entourée de garçons. Après tout, nous sommes une famille. D’ailleurs on se considère comme des frères. En plus, les plus grands ne dorment pas avec nous ».

Aujourd’hui, Melom Cynthia est l’une des meilleurs danseurs que Aleva a formés. Grâce à la danse, elle est invitée partout pour des prestations dans les cérémonies (anniversaire, mariage), quelques fois, dans les bars et boites de nuit. “C’est la danse qui me permet de subvenir à mes besoins, vu que je n’ai personne pour m’aider”, affirme-t-elle.

Il faut souligner qu’il n’y a pas seulement que la danse que Melom Cynthia mène comme activité. À côté, elle a suivi une formation en couture. « Je ne baisse jamais les bras. Mon rêve est de devenir une grande styliste que le Tchad n’ait jamais connue », déclare-t-elle avec optimisme et détermination.

A ses heures perdues, Cynthia donne de temps à autre un coup de main à son ‘’papa Aleva’’ dans le restaurant ouvert par le centre Dakouna espoir, car pour elle, c’est un bien familial dont il faut prendre soin. « Ce restaurant nous permet de payer le loyer et d’autres factures. Avant j’y travaillais permanemment. Malheureusement, ma présence pousse certains hommes à me manquer du respect. Certains me demandent mon numéro, d’autres vont jusqu’à me tapoter les fesses. C’est ainsi que j’ai dû abandonner ».

Malgré tout ce qu’elle a enduré  comme souffrances, Melom Cynthia, audacieuse et pleine d’espérance, n’est pas prête à se laisser aller. « Aucun enfant ne mérite ce que je traverse. En tant que jeune femme, je rêve d’avoir une famille et des enfants, de travailler dur pour pouvoir venir en aide aux plus petits qui vivent la même situation que moi », se nourrit-elle d’espoir.

Sotné Djakdjing, stagiaire