Dans le cadre de la Semaine nationale de la femme tchadienne (Senafet), la rédaction a initié une série de portraits de femmes qui se distinguent dans leurs domaines d’activité ou dans la société. Découvrez ici, Nemadjilem Pélagie qui a su se démarquer à travers la fabrication et la vente de briques cuites.

Madame Nemadjilem Pélagie commence ses études primaires à l’école Belle-vue de Moundou. Elle obtient son parchemin du cours moyen à l’école FDAR de Chagoua à N’Djamena puis poursuit le secondaire au lycée de Walia. Intéressée par l’entrepreneuriat, après son échec au baccalauréat série A4 en 2013, la jeune dame décide de se lancer dans une activité génératrice de revenus et commence la fabrication et la cuisson des briques en 2015.

Après avoir raté le Bac au premier tour, j’ai décidé de me lancer dans le business de la fabrication des briques. J’avoue qu’au départ ça n’a pas été facile car j’étais une jeune fille et voir une fille faire de la boue pour en fabriquer des briques était quelque chose de stupéfiant. Mes parents ne voulaient pas me voir faire ce métier car pour eux, je dois repartir à l’école recomposer le bac et l’obtenir. J’ai commencé ce métier en 2015 et le continue jusqu’à présent“, relate-t-elle.

Pourquoi avez-vous choisi de faire cet métier au lieu de continuer les cours ? Nemadjilem Pélagie répond. ”J’aime mélanger la terre avec de l’eau et les débris végétaux pour en faire les briques. Je me sens bien dans ce métier et je voulais aussi me démarquer des femmes ordinaires. Je suis cette femme qui peut aussi faire les métiers dit ” métier des hommes ”. Grâce à ce métier, aujourd’hui je me prends en charge ainsi que la famille et j’emploie plus de 40 jeunes qui travaillent pour moi dans la fabrication et la vente de ces briques cuites. Il faut noter que je n’ai pas abandonné l’école, j’ai mis une pause. Après cinq ans, j’étais repartie en 2018 pour recomposer le baccalauréat et l’obtenir. J’ai fait mon entrée à l’université en 2019 et je suis titulaire d’une licence en sociologie actuellement”.

Titulaire d’une licence en sociologie, Nemadjilem Pélagie est très active sur le terrain pour constater l’avancement de ses travaux et faire la promotion de l’emploi aux jeunes qui sont en quête. Mère de trois enfants avec un mari qui le soutient dans son métier, cette dernière se sent épanouie et gagne normalement sa vie.

Mais comme dans tout autre métier, l’entrepreneuse n’échappe pas aux difficultés dans l’exercice de son métier. ”J’éprouve énormément de difficultés. Déjà, il faut gérer sa vie de famille, le travail et les études mais avec l’aide de Dieu, je parviens toujours à gérer mon emploi du temps“, indique Pélagie.

En ce qui concerne la célébration de la Journée internationale de femme, elle appelle à comprendre le vrai sens. ” À la femme tchadienne, je dirai qu’il faut déjà savoir le sens de la Journée Internationale de la Femme. Il ne faut pas se limiter à la fête, aux pagnes, mais aller au-delà. C’est une journée acquise après que les femmes aient lutté des années pour arracher la liberté, le droit à l’égalité donc c’est une journée de sensibilisation et surtout de réflexion. Il n’y pas de sot métier, si tu peux faire la cordonnerie, il faut le faire, ne te dit pas que non c’est le travail d’hommes et que tu ne peux pas le faire. Nous, femmes, pouvons faire les métiers que les hommes font ”, conclut-elle

KOUMTAR Sylvie Juane, stagiaire