Plusieurs cadres et militants du parti Rassemblement national des démocrates tchadiens (RNDT-Le Réveil) ont démissionné ce 6 janvier.
C’est une cérémonie XXL : l’auditorium d’un grand hôtel de N’Djaména est réservé ; il est plein à craquer. Les forces de l’ordre sont mobilisées et les entrées sont filtrées.
Dans un brouhaha, l’auditoire reçoit l’équipe devant le tenir en haleine, à sa tête, Sing-Yabé Barnabas et Gomdigué Baïdi Lomey, deux anciens ministres. Bras en l’air, ils galvanisent leurs camarades et prennent place.
Le modérateur déroule le programme, en annonçant notamment les différents intervenants. A la suite du président du comité d’organisation, Yoramadjiel Gisèle, représentante des démissionnaires, souligne que ce sont les ‘’efforts et contributions’’ des militants qui ont permis au parti RNDT-Le Réveil d’’’atteindre sa grandeur’’.
Cependant, au fil du temps, elle dit constater que les idéaux auxquels ils étaient attachés, ont volé en éclats par ‘’manque du sérieux’’ de l’équipe dirigeante du parti.
‘’Le désespoir a pris la place de l’espoir ; le dialogue a cédé sa place au monologue et aux concertations entre amis ; l’intérêt de l’ensemble des Tchadiens est sacrifié à la table des intérêts individuels (…) le parti RNDT-Le Réveil fonctionnait comme une propriété privée que nous ne savons pas (…)’’, décrit Yoramadjiel Gisèle.
A deux jours de cette cérémonie, le 4 janvier, le bureau exécutif du RNDT-Le Réveil, dénonçait dans un communiqué la ‘’chasse aux sorcières’’ du pouvoir pour ‘’dégager’’ ses cadres des emplois publics. Il y a notamment les cas de son président et ancien Premier ministre, Pahimi Padacké Albert, qui a été sauté de la présidence du conseil d’administration de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) et Patalet Geo, ancien ministre de la Jeunesse. Le parti de Pahimi a qualifié l’’’achat des âmes faibles’’ de ‘’cure de la honte’’.
Quelques heures après la sortie du parti, Gomdigué Baïdi Lomey, secrétaire national chargé des relations avec les partis politiques et la société civile, a été radié du RNDT-Le Réveil pour ‘’manquements graves, haute trahison et détournement des biens’’.
Le parti pense payer son appel au boycott du référendum constitutionnel des 16 et 17 décembre passé, qui a, selon les chiffres officiels, largement validé la constitution pour un État unitaire décentralisé, entrée désormais en vigueur.