Après de longs mois, voire d’années de suspens sur une éventuelle candidature pour un troisième mandat, le chef de l’Etat sénégalais a annoncé, le lundi 3 juillet 2023, qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle de février 2024.

C’est un soulagement qui s’est dégagé au Sénégal après l’annonce par le président Macky Sall qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle de 2024. En effet, le débat faisait rage depuis des mois, depuis des années. Débat qui a commencé après la modification de la Constitution en 2016 mais s’est accentué avec sa réélection en 2019.

Macky Sall avait été élu pour la première fois pour un mandat de sept ans en 2012 face au président sortant, son ancien mentor, Abdoulaye Wade. Ce dernier avait modifié la loi fondamentale pour briguer un troisième mandat. Après d’importantes mobilisations dans les rues, les Sénégalais ont décidé de le sanctionner dans les urnes.

En 2019, Macky Sall est réélu, cette fois pour cinq ans. Depuis lors, les débats ont commencé sur son éligibilité pour 2024. Ses partisans, estimant que les compteurs ont été remis à zéro, leur champion avait le droit de se présenter pour un second quinquennat en 2024. L’opposition, incarnée ces dernières années par Ousmane Sonko, répliquait que le débat n’a pas lieu d’être car Macky Sall est en train de terminer son deuxième mandat consécutif et qu’il ne pouvait être candidat en 2024. Des manifestations, parfois réprimées dans le sang, avaient émaillées le pays de la Teranga.

La tension montait au fur et à mesure qu’on s’approchait de l’élection présidentielle de février 2024. Finalement, le président sénégalais a fait redescendre d’un cran cette montée d’adrénaline en annonçant qu’il ne sera pas candidat en 2024. Même si, précise-t-il, sa candidature serait légale du point de vue de la Constitution.

Sous d’autres tropiques, ce serait une décision tout à fait normale que celle d’un président ayant fait ses mandats légaux de céder la place. Mais compte tenu du fait que le troisième mandat est devenu une épidémie en Afrique, la décision de Macky Sall est à saluer. Qu’elle ait été prise sous la pression de la rue, sous la pression de la communauté internationale ou encore comme il l’a dit lui-même « j’ai un code d’honneur et un sens de la responsabilité historique qui me commandent de préserver ma dignité et ma parole », il faut du courage pour prendre une telle décision car il était aussi sous la pression de ses partisans et de la tentation de conserver le pouvoir avec tous les privilèges qui vont avec.

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Le pouvoir à vie et l’épidémie du « troisième mandat » sont répandus en Afrique au point où la décision du « jeune » président Sénégalais (61 ans) doit servir d’exemple. On a vu des exemples de vieux dirigeants solliciter le troisième mandat ou s’éterniser au pouvoir pour « parachever leurs œuvres » ou encore qui arguent qu’il n’y a pas quelqu’un à mesure de leur succéder. Ils arrivent donc à se maintenir au pouvoir dans la violence et le sang ou se font déposer par un coup d’Etat, créant l’instabilité dans leur pays. Les exemples sont longs comme le bras mais ceux récents d’Alpha Condé, d’Alassane Ouattara sont là pour le prouver amplement.

A contrario, Macky Sall ne s’estime pas être l’homme providentiel. « Le Sénégal dépasse ma personne. Il est rempli de leaders également capables de pousser le pays vers l’émergence », a-t-il affirmé. Comme pour faire échos à la déclaration de l’ancien président américain, Barack Obama, qui a souligné que l’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts.

Le Sénégal a une réputation démocratique. Beaucoup craignaient et non sans raison que cette image s’effrite si Macky Sall se déclarait candidat à un troisième mandat. En y renonçant, il renforce cette assise démocratique. Il entre même dans l’histoire en étant le premier à accéder au pouvoir par les urnes et à organiser l’élection pour sa succession sans y être candidat.

Salue Monsieur le Président !  Car après tout, il y a une vie après le pouvoir.