L’ambassadeur Mahamat Habib Doutoum est décédé le dimanche 7 août au Caire en Egypte, des suites d’une courte maladie. Il a été inhumé dans la soirée d’hier mardi 10 août 2016, sous un ciel nuageux, au cimetière de Lamadji à la périphérie de Ndjamena. La dépouille a été escortée par un impressionnant cortège de véhicules des parents, amis, voisins du quartier et collègues. C’est tout le Tchad dans sa diversité ethnique et culturelle qui a accompagné le défunt à sa dernière demeure. « J’ai connu le jeune Habib Doutoum, dans les années soixante-dix, lorsqu’il était étudiant au lycée Franco-arabe d’Abéché. Mes relations avec la famille Doutoum sont bien antérieures à cette rencontre au Dar-Ouaddaï, puisqu’elles ont commencé à fort Lamy » se souvient son ami et frère M. Zakaria Ousman Ramadane. En effet, après des études universitaires à Beyrouth en relations internationales, le défunt avait la possibilité de partir immédiatement à l’étranger pour faire une carrière internationale à laquelle il était prédestiné (trilingue et études supérieures en sciences politiques). Il avait choisi de rentrer au Tchad. Il n’avait pas été déçu puisque très vite il s’est vu confier de très hautes responsabilités politiques qui lui ont permis d’exprimer ses talents (membre du gouvernement, conseiller à la présidence de la république, etc.). Fort de ses qualités humaines et intellectuelles, il a été recruté à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) à Addis Abeba (l’ancêtre de l’Union Africaine). Ce fut le début pour le diplomate d’une intense carrière d’ambassadeur à Abuja et au Caire. Ses collaborateurs et tous les autres qui avaient côtoyé l’homme reconnaissent en lui un diplomate chevronné, et un fonctionnaire consciencieux. Au plus fort de la crise du Darfour (2003-2004), la diplomatie Tchadienne avait raison de faire appel à ses compétences à un moment où la région du Darfour, frontalière du Tchad, a failli descendre aux enfers. C’était un spécialiste convaincu mais aussi un adepte fervent du multilatéralisme (spécialisé sur le sous-continent Indien).
« Je peux affirmer que le respect et l’humilité sont les marques de cet homme affable au sourire intarissable. Il savait regarder toujours vers le futur même s’il interrogeait quelquefois le passé pour mieux comprendre le présent. Il savait se consacrer à l’essentiel et ne pas se mêler des querelles accessoires, les combats dérisoires etc. » rappelle son ami d’enfance M. Zakaria Ousman Ramadane. Intellectuel et intelligent, l’ambassadeur Mahamat Habib Doutoum avait une fine plume qui savait conjuguer le futur au présent. Il est auteur et co–auteur de plusieurs publications. Il est issu d’une famille musulmane. Son éducation culturelle a été influencée par la tradition caractérisée par la modération en toute chose et l’Islam du juste milieu. Toutes ces qualités humaines et intellectuelles lui avaient valu le lien d’amitié avec tout ce que le Tchad pouvait compter de richesse ethnique et culturelle. Le défunt a servi le Tchad au mieux de ses compétences intellectuelles et humaines. Il laisse derrière lui dix enfants.