Le forum national réunissant les religieux et les chefs traditionnels sur la question des violences basées sur le genre (VBG) est ouvert ce samedi 8 juillet à N’Djamena. Il est placé sous le thème : Religions, traditions et élimination des violences basées sur le genre. C’est une initiative du gouvernement en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA).
Les Violences basées sur le genre au Tchad ne cessent de s’accroître. Rien qu’au premier trimestre de l’année 2023, 969 cas de VBG ont été enregistrés par les services de l’UNFPA. Parmi ces cas, l’on dénombre 34% de cas d’agression physique, 28% de violence psychologique/émotionnelle, 22% de déni de ressources d’opportunité. Quant aux incidents de violence sexuelle, ils représentent 11% des cas déclarés et 4% de cas de mariage forcé. La grande majorité des personnes victimes des VBG sont les femmes et les filles avec 99% des cas enregistrés. La violence domestique représente à elle seule 75% des cas.
D’après le Directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre du Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA) Hountoun Senne, l’objectif de ce forum national est de permettre aux leaders religieux d’accélérer l’élimination de différentes formes de violence faite aux femmes et à soutenir leur implication effectif par le biais d’un mécanisme de veille communautaire qui permettra de suivre et subvenir à la mise en œuvre de leurs engagements. “Notre sous région continue de faire face à une forme inacceptable des violences faites sur les femmes. Elle fait partie des pays au monde où la prévalence du mariage d’enfant est la plus élevée. 2 filles sur 5 étant mariées avant l’âge de 18 ans. Au Tchad, c’est plus de 2/3 suis qui sont mariées avant cet âge. Nous n’avons pas une meilleure avancée particulière sur cette question dans la sous région” dit il.
Amina Priscille longoh, ministre du Genre et de la Solidarité nationale a rappelé quelques lois qui militent pour l’égalité entre le genre et l’éradication des VBG au Tchad, ce, même si la situation reste encore précaire. “La situation de la femme tchadienne reste encore préoccupante malgré les efforts consentis.nous avons encore des défis, des violences physiques, sexuelles, sexistes, psychologique, des violences pendant les conflits, les préjugés et les inégalités d tout genre entre les sexes sont le quotidien de la femme tchadienne“, dit-elle. Parmi cet arsenal juridique, il y a la loi 001/pr/2017 portant code pénal avec les dispositifs favorable et luttant contre les VBG, la loi 028/pr/2018 impliquant la CNDH dans la lutte contre les VBG, la loi 029 interdisant le mariage d’enfant, la loi 06 portant sur la santé de la reproduction. Elle poursuit que pendant longtemps, les traditions et la religion ont souvent été utilisées pour mettre en dérive les femmes. Toutefois, la ministre a rappellé les femmes à honorer leur devoir dans la société.
Lançant ce forum, le président de transition Mahamat Idriss Deby Itno, a déclaré que la cause de la femme et de l’enfant devrait être considérée par l’humanité entière. “En quête d’une stratégie pour mettre fin à ce phénomène, ce sont aujourd’hui l’ensemble de leaders clés de la société qui sont mis à contribution. La population tchadienne est très attachée à ses traditions et sa foi dans la gouvernance communautaire de nos institutions sociales et vous un respect total aux leaders que vous êtes. Votre statut et votre rôle dans la société représentent un atout important pour les actions de plaidoyer, de mobilisation et de conscientisation pour un changement de comportement positif. Vous êtes également les mieux placés pour influencer le quotidien et de façon durable nos uses et coutumes contre les VBG ” a interpellé le chef de l’Etat.