À l’occasion de la Journée mondiale des enseignants, de nouvelles données de l’UNESCO montrent qu’il manque encore 44 millions d’enseignants dans le monde pour atteindre l’objectif d’un enseignement primaire et secondaire pour tous d’ici 2030.

En 2016, l’UNESCO a estimé la pénurie mondiale d’enseignants à 69 millions. Dans une nouvelle analyse, publiée à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants 2023, l’Organisation constate que cette pénurie a diminué de près d’un tiers ; la nouvelle estimation est de 44 millions. Si la situation s’est améliorée, cela reste insuffisant pour répondre aux besoins mondiaux en matière d’éducation.

L’Asie du Sud est la région qui a fait le plus de progrès, avec une pénurie réduite de moitié depuis 2016 – il manque encore aujourd’hui 7,8 millions d’enseignants. A l’inverse, l’Afrique subsaharienne n’a que peu progressé sur cette période et représente à elle seule un tiers de la pénurie mondiale actuelle. L’Europe et l’Amérique du Nord, malgré de faibles taux de natalité, sont la troisième région du monde où la pénurie est la plus forte – il manque 4,8 millions d’enseignants. En Amérique latine et dans les Caraïbes, la pénurie s’élève à 3,2 millions d’enseignants.

« Les enseignants jouent un rôle crucial dans nos sociétés, pourtant cette profession est confrontée à une crise majeure des vocations », a regretté la Directrice générale de l’UNESCO.

« Certaines régions du monde manquent de candidats, d’autres font face à un taux d’abandon très élevé au cours des premières années de carrière. Dans les deux cas, la réponse est la même : il faut mieux valoriser, mieux former et mieux soutenir les enseignants », a souligné Audrey Azoulay.

Les enseignants masculins quittent généralement la profession à un rythme plus élevé que leurs homologues féminines.

En 2021, le taux d’abandon des enseignants du primaire à l’échelle mondiale s’élevait à 9,2% pour les hommes, contre 4,2% pour les femmes. Cette différence s’explique notamment par le fait que, bien souvent, les hommes disposent de plus d’opportunités professionnelles dans les autres secteurs et peuvent ainsi changer plus facilement de carrière. La persistance des préjugés de genre exerce aussi une influence, notamment les opinions relatives à la répartition des responsabilités en matière d’éducation des enfants.

Face à la pénurie systémique d’enseignants, l’UNESCO recommande 7 mesures, à adapter aux situations et aux enjeux nationaux, pour rendre la profession d’enseignant plus attractive :

-Investir dans l’amélioration de la formation initiale des enseignants et dans les programmes de formation continue.

-Mettre en place des programmes de mentorat qui associent des enseignants expérimentés à de nouveaux enseignants et encourager la collaboration entre pairs.

– S’assurer que les enseignants bénéficient de salaires et d’indemnités compétitifs, notamment par rapport aux autres professions exigeant des niveaux de qualification similaires, et veiller à ce qu’ils disposent de possibilités d’avancement.

– Rationaliser les tâches et les formalités administratives pour permettre aux enseignants de se concentrer davantage sur l’enseignement et moins sur la bureaucratie.

– Encourager un sain équilibre entre vie professionnelle et vie privée, en fixant des exigences raisonnables en termes d’horaires de travail et en réduisant la charge de travail inutile.

– Fournir des services de santé mentale et de conseil afin d’aider les enseignants à gérer le stress et les défis émotionnels.

– Mettre en place un encadrement à la fois fort et solidaire au sein des établissements, qui valorise l’apport des enseignants, fournit des critiques constructives et favorise un environnement de travail positif.