Ils n’avaient pas cru. Beaucoup de parents ont porté le deuil de leurs enfants pendant une quarantaine de jours. Le 8 décembre lors de la libération de 80 mineurs arrêtés lors de la manifestation du 20 octobre 2022, plusieurs parents ont coulé de larmes en revoyant leurs progénitures.

« L’émotion était grande à sa vue, parce que rien ne garantissait qu’il était en vie. On ne s’attendait pas à le revoir sain et sauf et en bonne santé. Surtout sa maman était émue de joie au point où les larmes l’inondaient. Les mots ne peuvent pas expliquer tout ce qu’on ressent au dedans de lui-même », a témoigné Djekombe Bruno, parent d’Eric, arrêté lors de la marche du 20 octobre avant d’être libéré le 8 décembre.

Éric faisait partie de 80 mineurs qui ont été arrêtés ce jour (20 octobre), et déportés à la maison d’arrêt de Koro Toro à environ 600 kilomètres de N’Djamena. Durant une quarantaine de jours, il n’a fait aucun signe à ses parents. Pendant ce temps, l’ombre du deuil régnait au sein de la famille. « Pendant presque 40 jours, la famille était presqu’en deuil. Même si on n’a pas des informations qui attestent que l’enfant est décédé, mais rien ne nous garantissait qu’il était en vie », explique son oncle Djekombe Bruno.

La nouvelle qui a créé la panique au sein de la famille est la découverte des corps sans vie juste après la manifestation. « Chaque jour que Dieu fait, les gens retrouvent les corps sans vie. À un moment nous étions partis aux morgues pour identifier les cadavres parce qu’on ne sait jamais s’il fait partie de ceux qui sont tués », raconte Djekombé Bruno.

Après avoir revu son neveu sain et sauf, Djekombe Bruno demande aux autres familles dont leurs enfants ont été libérés, d’accompagner ces mineurs psychologiquement. « On a eu à échanger avec mon neveu. D’après ces propos, ce qu’ils ont vu là-bas c’est vraiment horrible. Pour les enfants de leur âge, on cherchera à mettre à leur disposition un psychologue pour les accompagner, parce qu’il m’a fait comprendre qu’ils étaient en contact permanent avec des cadavres. Je pense qu’ils auraient des traumatismes ».

Comme lui, Nguenan Yvette n’a pas cru que son petit, lui aussi déporté en prison, serait en vie. Il a fallu qu’elle le voit, se jette dans ses bras avant d’y croire. « Quand je lui ai vu, je coulais de larmes. C’était une émotion de joie. À sa libération, toute la famille était venue à la maison ici pour le voir. Maintenant nous sommes contents. C’est pourquoi les parents ont tenu une rencontre le jour de sa libération. Ils ont dit qu’ils ont beaucoup pleuré donc que le petit aille au village afin qu’ils le voit si c’est réellement lui », s’égaye-t-elle.