Pendant deux semaines, l’hôpital de district de Moïssala a manqué de médicaments. Comment comprendre cela ? Dr Tamadjibeye Mbaitoloum, médecin-chef de l’hôpital de district de Moïssala, donne des éléments de réponse.

Votre hôpital manque de médicaments. Quel est l’état actuel de la situation ?

Oui, nous avions rencontré de difficultés à ce sujet. Il n’y avait pas d’argent pour acheter de médicaments. Dans notre hôpital, la prise en charge au niveau de la maternité et de la pédiatrie est gratuite. De même qu’au niveau de la chirurgie et laboratoire. Nous avons une charge salariale d’environ un million par mois que nous payons régulièrement.

De juillet jusqu’à décembre 2023, les frais de prise en charge des réfugiés n’ont pas été payés. Au niveau de la pharmacie provinciale, il y a des dettes qui n’ont pas été épongées. Cela a fait que nous n’avions pas pu nous ravitailler. Nous avons décidé d’utiliser le peu de médicaments qui nous reste pour les malades hospitalisés. Les autres ont reçu des ordonnances et ont acheté les médicaments dans d’autres pharmacies agréées.

Heureusement, nous venons d’être payés et nos dettes ont été réglées. Actuellement, il y a des médicaments.

En plus de l’Etat, L’hôpital de Moïssala est soutenu par plusieurs ONG notamment MSF et ADES. Comment comprendre ce manque de moyens financiers ?

Les recettes de l’hôpital ne sont pas très importantes. Les mois passés, nos principaux patients étaient les réfugiés. Les factures n’ont simplement pas été payées à terme échu.

Les chefs de service de l’hôpital confient ne pas recevoir les bilans financiers. Qu’en dites-vous ?

Je signe le bilan financier chaque fin du mois. Les chefs de service doivent avoir copie de chaque bilan financier établi. J’ai appris il y a quelques jours que certains chefs de service ne l’ont pas reçu. Mais, aucun chef de service ne s’est plaint auprès de moi. Si le gestionnaire de l’hôpital ne l’a pas fait, c’est un manquement de sa part.

Des patients se plaignent de la prestation de service au sein de l’hôpital. Certains vous accuse directement…

Je vous assure que parmi tous les médecins affectés par l’Etat ici, je suis la seule personne qui opère. J’ai formé une équipe pour des petites interventions. C’est énervant quand j’écoute de tels propos. Depuis que je suis là, je n’ai jamais pris un congé. Je ne voyage que lorsque le médecin chef de district de Dembo est présent.

Que comptez-vous faire pour régler ces difficultés ?

Nous allons limiter au maximum la remise de médicaments en crédit aux personnes dites cas sociaux. Nous allons aussi faire des stocks de médicaments.