Une semaine après le rappel du chargé d’affaires de l’Ambassade du Tchad en Israël, le ministre des Affaires étrangères a confirmé la prise de position du Tchad, qui prône un cessez-le-feu afin de se pencher « sur le fond du problème ».

« Notre pays appelle à un cessez-le-feu. Nous avons même rappelé notre chargé d’affaires là-bas (Ndlr : ambassade tchadienne à Ramat Gan (Tel Aviv) en Israël). On prône pour un cessez-le-feu rapide pour se pencher sur le fond de la question : la création de 2 États côte à côte. C’est ça le fond du problème. » Ce vendredi 10 novembre, le ministre tchadien des Affaires étrangères, Mahamat Saleh Annadif, a confirmé la décision prise une semaine auparavant du rappel de son chef de mission dans la capitale israélienne et appelle à la fin des bombardements de Tsahal sur l’enclave palestinienne de Gaza.

Ce rappel du chargé d’affaires « pour consultation » ne signifie pas pour autant une rupture des relations diplomatiques avec l’État hébreu, tenait à préciser le chef de la diplomatie tchadienne.

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Le Tchad se démarque ainsi (tout en se rapprochant de la ligne de l’Union africaine) du mutisme de nombreux pays africains depuis l’attaque du Hamas sur Israël le 07 octobre 2023. Bien que la portée politique/diplomatique (voire électoraliste pour le Premier ministre israélien) des pays africains soit réduite, on constate une sorte de rupture dans la ligne diplomatique entre les pays du continent. Il y a tout d’abord ces pays qui soutiennent la cause palestinienne (et parfois le Hamas) parmi lesquels on retrouve l’Afrique du Sud et l’Algérie, deux pays importants sur l’échiquier politique continental. Historiquement, la ligne politique de l’ANC (African National Congress) de Nelson Mandela a toujours soutenu la cause palestinienne. En référence à l’apartheid, Cyril Ramaphosa, le président de la République sud-africaine, a justifié « les actions du Hamas par l’occupation des terres palestiniennes ».

Cette référence à l’apartheid a aussi été utilisée par la Mauritanie pour condamner Israël. Notons que les 5 pays africains (Comores, Djibouti, Mali, Niger et Somalie) qui ne reconnaissent pas officiellement Israël ont aussi apporté leur soutien au Hamas.

Il y a ensuite les gouvernements qui ont apporté leur soutien à l’État hébreu : le Cameroun, l’Ouganda, la RDC, le Sénégal (à travers une condamnation du Hamas), le Togo, et le Rwanda.

Position de prudence

Au milieu de tout cela, il y a une majorité de pays qui ne se sont pas prononcés (et encore moins pris position) depuis le 7 octobre dernier.

La prudence adoptée par ces pays « neutres » diplomatiquement s’explique par le fait que « l’Afrique subsaharienne est déjà en proie à de profonds conflits et à une grande instabilité depuis plusieurs mois, un nouveau conflit au Moyen-Orient ne fera qu’aggraver la situation. Dans ce contexte, la ligne de crête que semble tenir de nombreux États africains et la stabilité du positionnement de l’Union africaine semblent plus prudentes. » selon Sonia le Gouriellec (Docteure en Science Politique et maîtresse de conférences à l’Université Catholique de Lille) dans un article scientifique consacré à la position des pays africains dans ce nouvel épisode du conflit israélo-palestinien et publié sur legrandcontinent.eu.